Complexité croissante pour une politique de l’emploi

Si les émeutes tournantes qui commencent à faire partie du paysage social imposent de s’interroger sur le choix à faire entre la dialogue comme base de l’action stratégique quotidienne et le dogme de la répression, autrement dit choisir entre l’expression d’une logique de puissance et celle du dialogue, le phénomène des harraga et même celui de la criminalité imposent d’élaborer des politiques de traitement en amont de leur survenance.

Ces temps-ci, ce n’est sûrement pas par pur hasard qu’est convoquée la mémoire du regretté Boukhobza. Jamais il ne sera oublié que celui-ci avait dit qu’ «qu’un jeune qui s’estime exclu du système tend naturellement à vouloir détruire celui-ci» et qu’«il serait dangereux de laisser un jeune non autonome en matière financière». Ces vérités pratiquement prémonitoires furent prononcées par le défunt dans l’enceinte de l’Ecole nationale d’administration à l’occasion d’une journée d’études sur la loi électorale et à laquelle avait participé l’actuel chef du gouvernement en tant que président de l’APN.

Bien entendu, il s’agit d’abord d’emplois à créer, dans un contexte malheureusement où la valeur travail n’est ni un point d’encrage des débats partisans, ni un clivage idéologique, ni même un élément important de la démarche programmatique des partis. Il y a bien le gouvernement qui s’est doté d’une nouvelle politique de l’emploi, mais la question se pose de savoir pourquoi celle-ci est-elle nouvelle, tout comme la même question se poserait pour la nouvelle stratégie industrielle qui aurait pu et dû venir beaucoup plus tôt, alors qu’il est bien connu que l’emploi est une source de cohésion sociale. Il ne s’agit sûrement pas d’une quelconque incompétence des pouvoirs publics, mais du peu d’intérêt accordé dans notre pays à la réflexion stratégique et à la démarche de prospective.

Des démarches avaient quand même été initiées dans le domaine de la création de l’emploi et dans celui de la relance de la croissance économique. Mais, y a-t-il des instruments qui permettraient dans la transparence et de façon scientifique d’évaluer les relations entre la croissance économique, les contrats d’emplois de solidarité et le développement durable ? Y a-t-il des circuits connus et transparents d’insertion des jeunes ? Serait-il possible d’élaborer des contrats de solidarité qui permettraient aux entreprises de recruter des chomeurs en compensation d’une aide financière de l’Etat ?

Or, nous allons, selon quelques indices qui reposent sur la compétitivité obligatoire des entreprises du fait de la mondialisation qui est assimilée en réalité à une guerre économique sans pitié où déjà les vainqueurs et les vaincus sont connus d’avance, vers la flexibilité de l’emploi qui permettrait à l’entreprise d’ajuster librement les effectifs et pourquoi pas même les salaires aux fluctuations de l’activité. Irions-nous alors vers la destruction de l’emploi, de la sauvegarde d’une partie de l’emploi du fait qu’ainsi cela éviterait à l’entreprise de déposer le bilan ou de la baisse consentante des salaires pour conserver tous les emplois ?

Il faudrait bien reconnaître que tout n’est pas aussi simple que l’on a tendance à le croire.

Bachir Benhassen

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