BOLIVIE : LA HAINE DES POSSÉDANTS
Hier, le préfet de Santa Cruz a mis à exécution son projet de référendum séparatiste. Dès les premières heures de la journée, des heurts ont opposé les Indiens des zones les plus pauvres aux gardes qui ramenaient les urnes. Urnes cassées, échanges de coups, barrages routiers pour couper les communications, les Indiens utilisent les pauvres moyens qu’ils possèdent pour défendre la terre des ancêtres contre les dirigeants blancs et métis qui veulent perpétuer la domination de l’oligarchie menée par Branco Marinkovic, magnat local, et Rubén Costas, préfet de la région.
L’Organisation des Etats américains (OEA) qui regroupe les pays latino-américains a tenté une médiation rejetée par l’opposition. L’Eglise catholique n’a eu plus de chance et Branco Marinkovic a été on ne peut plus clair. Le processus séparatiste soutenu en sous-main par les USA ira jusqu’au bout.
Tout le monde peut en deviner le prix, même l’Union européenne qui a timidement déclaré qu’elle tenait à l’intégrité territoriale de la Bolivie. Evo Morales, qui vient de nationaliser quatre entreprises pétrolières en acquérant par décret la majorité de leurs actions et la compagnie de téléphone gérée par une firme italienne ne renonce pas au dialogue pour régler la crise.
C’est ignorer la détermination des Etats-Unis à casser le processus socialiste en cours en Amérique latine et ils ne sont pas à un crime près, le dernier en date étant celui qui a détruit le gouvernement socialiste du Chili de Salvador Allende. Sauf que cette fois-ci, le chaos serait infernal, mais l’idée du chaos est un credo de base pour les néo-conservateurs.
Pour faire bonne mesure, les USA ont publié un rapport dans lequel ils annoncent des risques que la Bolivie devienne une zone d’activité terroriste à cause de son instabilité et de ses relations avec… l’Iran. Vous voyez d’ici le topo et la manœuvre cousue de fil blanc.
Rien de plus simple dès l’aggravation des troubles que d’appliquer la doctrine américaine de lutte contre le terrorisme où qu’il soit, surtout que, comme les Kosovars, un scrutin libre et démocratique vient d’exprimer une volonté de séparatisme tant chanté pour le Tibet. La leçon fondamentale est que les peuples ne peuvent se suffire d’élections pour construire leurs rêves et qu’ils doivent se doter.
MOHAMED BOUHAMIDI