Chère mère!

Miloud M. est un très mauvais garnement qui a eu l’outrecuidance de non seulement manquer de respect à sa maman, mais encore de lever la main sur elle. Et ça, c’est puni par la loi. La rigueur des termes de l’article 267 du Code pénal est révélatrice de l’état d’esprit de certains juges du siège lorsqu’il s’agit d’enfiler un gant de velours dans une main de fer et ce, sans état d’âme, bien entendu.

A Boudouaou, qui relève de la cour de Boumerdès, Linda Sadeloud, la présidente de la section correctionnelle non détenus aura eu l’occasion de passer du côté éducatif qu’elle avait eu avec ce Miloud qui ne veut pas changer de fusil d’épaule, de mieux respecter sa génitrice, celle qui l’a mis au monde, élevé et tout et tout, à l’autre côté, répressif celui-là.

«Alors, monsieur joue au méchant. La dernière fois, nous nous étions mis d’accord pour ne plus nous rencontrer dans cette salle d’audience, vous, derrière la barre et le tribunal, en face. Apparemment, il y a un problème plus grave pour que le sursis et le pardon de la maman lors de l’audience d’il y a six mois», tonne la magistrate, menue de taille, mais immense derrière son pupitre.

Miloud balbutie, on dirait qu’il venait de lire dans le regard pourtant serein de la juge que quelques tuiles allaient atterrir en plein cervelet et des dégâts inévitables, allaient être parachutés. Silence de l’inculpé:

«Hadja, votre fils ne veut pas tenter d’éclairer le tribunal. Que s’est-il passé cette fois-ci?» demande, le regard lointain Sadeloud décidée à rendre justice surtout que ce mercredi, il y a avait foule au tribunal, un tribunal où on peut entendre une mouche voler.

La maman fait des efforts pantagruéliques pour ne pas ouvrir la bouche, mais visiblement, elle cherche à vider ses tripes, son cerveau, sa langue et ses cordes vocales. Sa mine franchement défaite ne vaut franchement pas le coup d’être vue de près.

Debout, dignement, elle cherche pourtant à voir, elle aussi, les traits de son fils, ce fils - bourreau - Nous avons même l’impression qu’elle veut s’excuser auprès du tribunal, se désister en retirant la plainte, retourner sur les talons et raccompagner son «petit Miloud» à la maison, mais les faits sont trop graves pour être abandonnés en cours de route et probablement la mère qu’elle est, est sûre que la queue du chien demeure courbe après l’avoir retirée du roseau où elle y est restée dix ans.

Les huit mois avec sursis prononcés quelques mois plus tôt n’ont visiblement pas eu d’effet sur l’inculpé que la maman va «protéger» par un silence assourdissant malgré une vive douleur, une douleur née d’un mauvais comportement plus que condamnable.

Et devant le silence de la pauvre vieille victime, Sadeloud n’a d’autre choix que de ramasser «Si Miloud» qui ne s’attendait pas à passer ce mercredi à l’ombre et ce jusqu’au procès en appel devant, cette fois-ci, un trio de magistrats de Boumerdès et qui vont retenir le côté récidiviste du prévenu qui a écopé d’une peine de cinq ans ferme et d’un mandat de dépôt à l’audience.

Miloud entre alors dans une interrogation sur le pourquoi de cette sentence cassante, brisante et même humiliante.

Tant pis! Il n’avait qu’à mieux considérer sa maman qui n’a jamais dit au tribunal le pourquoi, des coups donnés par le fils.

Comme quoi, laver le linge sale en famille demeure une maxime qui vaut son pesant d’années en taule. Et Miloud, le récidiviste saura de quoi ça retourne! Sadeloud aussi…

Abdellatif TOUALBIA

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It