Qui connaît cette société ?
L’Algérien nouveau, une Algérie nouvelle, un homme nouveau. Tant de concepts ont été utilisés pour promettre le bonheur futur, la paix éternelle, une société plus que soudée, mais, au regard de ce qui est advenu, nous avons eu des plusieurs types d’hommes nouveaux. De toute façon, de tels concepts ne structurent plus les discours, ni ceux des autorités, ni ceux des partis politiques.
Aujourd’hui, il est utile de se demander si l’Algérien nouveau, ou plutôt les Algériens nouveaux, sont le produit des mutations provoquées ou subies. Il n’y a pas un seul modèle d’Algérien, mais plusieurs dans la mesure où il n’apparaît pas que le vécu culturel ait été le même pour tous. Toutes les contradictions semblent exister en Algérie puisqu’il y a à la fois des démocratisans, des théocratiques, des supporters d’une dictature éclairée, des regards tournés vers le monde occidental, d’autres regards tournés vers le monde arabe comme espace géopolitique auquel arrimer le pays sur le plan politique et la société sur le plan culturel.
C’set ainsi que nous n’aurons probablement pas à en finir avec les différences qui se menacent mutuellement au lieu de se surmonter, même si pour le moment la gestion étatique du champ politique a pu produire un certain nombre de décantations. La question se pose toujours de savoir si tous les acteurs politiques ainsi que des parties de la société ne conçoivent pas de vivre ensemble sous le même système politique, comme cela avait été mis en évidence au début du pluralisme politique.
Il en a même qui ne comprennent pas que le paysage politique ne soit pas uni coloré, les démocrates pensant que l’alternance douce n’est possible que dans un paysage politique où n’existent que des partis démocrate, les islamistes pensant eux également que l’alternance n’est possible que dans un paysage politique exclusivement islamiste.
Serait il possible que puisse exister réellement un système d’alternance entre démocrates et islamistes?
Quel projet politique dans ces conditions et qui puisse satisfaire tous les courants?
Or, avant de penser projet politique ou ordre national interne, il faudrait d’abord connaître cette société et ensuite envisager le projet à lui adapter pour que les différences ne soient pas des incompatibilités qui se comporteront en source permanente d’insécurité. Cela ne pourrait se faire bien sûr que si on réhabilitait la sociologie, longtemps considérée comme subversive. On se rappelle que lors du dernier séminaire sur la pensée islamique et qui était tenu à l’hôtel Aurassi durant les premières élections locales pluralistes, Tourabi avait présenté comme un grand penseur musulman.
A ce séminaire, ont été condamnées à mort les sciences sociales qui « prétendaient» expliquer le musulman avec des instruments d’analyse importés du monde occidental.
Bachir Benhassen