DES PLOMBIERS POUR LUTTER CONTRE LA FUITE DES CERVEAUX, QUELLE MISÈRE !

Face à la tutelle qui hausse le ton et menace de représailles, les vétérinaires en grève n’ont qu’une réponse :

«Peaux de vaches !»

Les autorités veulent récupérer des cerveaux algériens en fuite à l’étranger. Le projet est louable. Mais, concrètement, comment faire pour rapatrier un cerveau en vadrouille ? Comment, un régime qui n’arrive déjà pas à faire barrage ici même, en Algérie aux cerveaux en fuite peut-il réussir à les convaincre de mettre fin à leur cavale ? Epidabor, quel langage adopter face à un cerveau en fuite pour l’amener à rentrer à la maison ? Le langage patriotique, celui du drapeau, du nif, de l’amour de la terre rougie par le sang du million et demi de martyrs ?

Ça a déjà été fait par le passé. Et… passé quelques larmes, un Kassaman chanté la main sur le cœur et des clips vantant les lendemains qui chantent, personne n’est venu, sauf quelques cerveaux déjà bien fatigués, usés ou carrément dépressifs. Faut-il alors parler le langage des chiffres et savoir aligner le bon nombre de zéros au bas des bons documents ? Un ami chercheur de son état à qui l’on avait mis un nombre de zéros appréciable au bas d’une offre s’était laissé tenter par la démarche. A l’aéroport, il avait même héroïquement «résisté» à une première marque de bienvenue.

La «saisie» de son ordinateur portable et sa taxation n’avaient que légèrement entaillé et entamé sa volonté de réinstaller son cerveau ici et de le faire gamberger pour les couleurs nationales. C’est, ensuite, à la sortie de l’aéroport et à l’arrivée en ville que la machine s’est déglinguée. Un cauchemar que mon ami me narrera, deux mois après son rapatriement en zone de sécurité pour son cerveau, c’est-à-dire aux Etats-Unis.

Il m’avait appelé pour me raconter le calvaire de cette administration censée lui faciliter l’installation physique de son cerveau et sa mise en branle. Il avait plus particulièrement un souvenir cuisant de ce chef de cabinet chargé de lui trouver un logement et qui le faisait revenir et revenir encore en ces bureaux (plus exactement dans sa salle d’attente), juste pour avoir le plaisir de raconter qu’il faisait poireauter un éminent expert en nanotechnologie dans le vestibule nauséabond de son bureau, immonde cagibis jouxtant de non moins immondes WC.

Mon ami n’est plus revenu en Algérie. Même pas en vacances, de peur sûrement d’y croiser le fameux chef de cabinet qui pue. Alors, très franchement, je ne sais pas quel langage il faut parler aux cerveaux en fuite. D’ailleurs, faut-il encore parler ou tenter de convaincre un cerveau algérien en fuite ? Un cerveau algérien en fuite, c’est d’abord et avant tout un cerveau qui se mort le lobe d’avoir perdu toutes ces années à essayer de fonctionner dans un univers fondamentalement allergique aux cerveaux. D’ailleurs, je serai adepte d’une nouvelle appellation. Au lieu d’évoquer les cerveaux en fuite, ne devrait-on pas plutôt dire «cerveaux sauvés» ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Hakim Laâlam

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