LE DÉSESPOIR DE M. ABBAS
Vendredi, M. Abbas a enfin laissé transparaître un semblant de colère à l’issue de son voyage aux USA et de sa rencontre avec Bush. Dans une déclaration à l’agence AP, il a affirmé que ses entretiens américains n’avaient pas fait avancer les pourparlers de paix. Il ne croit pas qu’un accord de paix sera signé avant la fin de l’année malgré le tapage d’Annapolis et la présence en force des pays arabes qui ressemblait à une reconnaissance ouverte de l’Etat d’Israël. Un Annapolis pour rien.
Tout le monde le savait d’avance. Mahmoud Abbas en tête et les amis arabes des USA aussi.
Les priorités américaines et israéliennes sont ailleurs, et ils le prouvent tous les jours. Dans son désespoir, M. Abbas délivre le message sur les points essentiels.
Les Américains ne font rien pour stopper la colonisation ni la judaïsation d’El Qods. Ils ne font rien pour alléger la souffrance des Palestiniens et les 50 barrages enlevés par Israël ne représentent qu’une partie de ceux qu’ils ont érigés après Annapolis et la situation à Gaza est pire que jamais. Les Américains ne parlent pas des frontières de 1967, ce qui veut dire que les Palestiniens doivent se contenter de ce que leur accordera Israël des territoires qui restent après colonisation. La seule concession des Israéliens est une proposition de signatures d’une déclaration de principe.
M. Abbas a été le principal acteur de la déclaration en 1993. De déclaration d’intention en déclaration de principe, Israël aura fini de coloniser toute la Cisjordanie, ne laissant peut-être que quelques terres aux Palestiniens qui se feront expulser des villes et campagnes israéliennes en application du principe d’un Etat juif avancé par Bush. Un Etat juif n’est pas un Etat multiethnique mais monoethnique.
M. Abbas est-il arrivé au bout des concessions qu’il peut faire ? Pas du tout. Il déclare juste qu’il va continuer à négocier, semblant nous parler d’un processus interminable qui a l’éternité devant lui et n’a pas besoin d’une fin pour se justifier. M. Abbas se croit-il la même éternité à vivre ?
Mohamed Bouhamidi