Un siège pour Paris à Manhasset ?

La France officielle s’accroche autant que le Maroc, sinon plus, pour maintenir debout une proposition d’autonomie chérifienne qui n’a pas évolué d’un millimètre malgré quatre séries de pourparlers à Manhasset. Hier, alors que Peter Van Walsum rongeait son frein chez lui où il s’était retiré après son brillant échec, Pascale Andréani, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, parlait encore élogieusement de l’autonomie.

«Il y avait une proposition marocaine qui nous paraît toujours une base sérieuse et importante pour poursuivre les discussions», déclarait-elle lors d’un point de presse. Plus direct, le Premier ministre français, François Fillon, affirmait lors de sa récente visite au Maroc : «Je veux souligner à quel point la France soutient les initiatives du Maroc (…) et à quel point la France se fait l’interprète de l’initiative marocaine auprès des Nations unies.» Pourquoi la France s’arrêterait-elle en si bon chemin ?

Pourquoi se limite-t-elle à soutenir, elle qui, avant le cessez-le-feu de 1991, s’impliqua militairement dans la région aux côtés du trône ? Paris n’a jamais été neutre dans le conflit du Sahara occidental. Paris chante la proposition marocaine mais observe le silence le plus total sur celle plus démocratique des Sahraouis. Le parti pris de la France a souvent été dénoncé par les Sahraouis, y compris par leur président Mohamed Abdelaziz. «Il n’y a aucune gloire à faire la guerre au peuple sahraoui», lançait-il aux Français au début de l’actuelle décennie.

Pas plus tard qu’hier, M. M’hamed Khaddad, membre de la direction nationale du Polisario, évoquait l’alignement de la France sur le Maroc même s’il ne la citait pas nommément. Un alignement qui, doit-on reconnaître, ne varia jamais depuis Valéry Giscard d’Estaing jusqu’à Sarkozy. Pourquoi la France, membre permanent du Conseil de sécurité, ne s’inviterait-elle pas tout simplement à Manhasset à partir du moment qu’elle ne veut pas se satisfaire de la neutralité, qu’elle s’avère incontournable et qu’elle semble prête à tordre gentiment le cou à la légalité internationale ?

Qu’est-ce que Paris a à voir avec les Sahraouis et le Sahara occidental, le seul territoire du Maghreb à ne pas subir la francophonie. Un Maghreb qu’on a empêché et qu’on empêchera de voir le jour tant que sa configuration n’est pas conforme aux desiderata de nos bienfaiteurs d’hier. Qu’en est-il aujourd’hui de l’idée du Maghreb ? Ne s’estompe-t-elle pas chez nos peuples ? Qui démontre un intérêt pour la commémoration, demain, du cinquantenaire de la Conférence de Tanger ? Une commémoration qui devrait réunir de nouveau les grands partis maghrébins.

Des formations qui loueront les bienfaits de l’union avec peut-être les regards braqués sur l’autre commémoration qui aura lieu dans moins d’un mois. Des festivités qui se tiendront à Tifariti. Dans une terre en conflit, dans un lieu qui fut bombardé au napalm, les Sahraouis commémoreront l’anniversaire du déclenchement de leur lutte armée le 20 mai 1973. Un conflit que personne ne pouvait prévoir en 1958 à Tanger. Comme personne ne pouvait prévoir un acoquinement maghrébin avec l’ex-colonisateur en chef ou le colonisateur de notre chère Palestine contre l’un des peuples maghrébins.

Mohamed Zaâf

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