Entre légalité administrative et légitimité populaire
Dans le contexte où il est presque passé sous silence le fait que le ministère de l’Intérieur ait organisé des sessions de formation des élus locaux dans les matières concernant leurs missions, alors qu’il est attendu que ce soit les partis politiques eux-même qui le fassent ou qui prennent l’initiative d’en faire une recommandation aux institutions, les populations continuent à ne pas savoir exactement quelles sont les prérogatives des élus locaux et celles des parlementaires.
Pour ce qui concerne les élus locaux, une autre difficulté s’ajoute à la première. Y a-t-il un rang hiérarchique entre l’Assemblée populaire de wilaya et l’Assemblée communale élue ? Y a-t-il un rang hiérarchique entre le président de l’APW et le wali ?
Rien qu’au regard du fait qu’elles sont instaurées dans la tradition, les rencontres entre le président et les walis et entre le gouvernement et les walis et qu’il n’ y a rien de comparable pour ce qui concerne les présidents des APW qui ne rencontrent ni le président de la République, ni le Gouvernement, les populations sont enclines à croire que dans chaque wilaya, le wali est au sommet de la hiérarchie, qu’il représente l’Administration centrale, toutes les institutions puisqu’il a une vocation inter-ministérielle, le Gouvernement et même le président de la République. Nombre d’élus locaux ne sont pas loin, eux également, de cette croyance.
N’est-ce pas que les walis peuvent relever de leurs fonctions les élus locaux, même s’ils doivent d’abord obtenir le quitus du pouvoir central? Mais c’est toujours aux élus qu’on fait endosser toute la responsabilité alors qu’il faudrait parfois regarder ailleurs.
Il y a donc un vrai travail de communication à faire dans le sens d’une meilleure saisie par les populations de la différence qu’il y a au niveau local entre la légalité administrative et la légitimité populaire. Ce flou qui continue encore peut en partie convaincre les électeurs de l’inutilité de participer à des élections. Pourquoi pas alors des tables rondes périodiques sur le plateau des trois chaînes de TV et pourquoi ne pas en faire des éléments de débat dans les forums que la direction générale de la radio a eu l’intelligence d’organiser et de les instaurer dans la tradition, à la fois au niveau central pour ce qui concerne les trois chaînes et pour les radios locales. Même la Radio internationale gagnerait à internationaliser les questions nationales telles par exemple les débats sur les collectivités locales. Il ne faudrait pas parler que des relations internationales mais expliquer en direction de l’étranger ce qui se fait chez nous.
La thèse selon laquelle l’administration, représentée localement par le wali, détient à elle seule tout le pouvoir local, incite généralement les partis à partir à la conquête du pouvoir parlementaire. Les assemblées locales, en particulier les APC, ne les intéressent que parce que là également, il y a la croyance que détenir la majorité au sein d’une assemblée locale confère l’avantage de préparer les élections présidentielles et parlementaires et d’en tirer bien sûr des dividendes.
Bachir Benhassen