Le réformisme prudent du Forum des entrepreneurs

Le président du Forum des chefs d’entreprise s’est exprimé, hier, dans les colonnes du confrère El Watan. L’intervention arrive à point nommé, avec les nouvelles décisions en matière foncière, le péril alimentaire que précède l’envolée des prix des produits agricoles et la problématique des soutiens des prix, le débat sur la politique de Bon voisinage à la Communauté européenne, la tenue de la 12e session de la Cnuced à Accra, etc.

On peut regretter que Réda Hamiani ne se soit pas exprimé sur ces questions urgentes, même s’il exprime la déception de nos entrepreneurs au sujet de la mise en œuvre de l’accord d’association avec l’UE et de l’adhésion à l’OMC : il trouve que si l’adhésion est “une nécessité”, l’Algérie a tout de même “raison de faire de la résistance” sur le prix du gaz. Comme ce n’est pas l’OMC, qui est demandeur de cet engagement, mais les pays candidats, il y aura toujours moyen de revenir à l’isolement de la “souveraineté économique”.

La libre entreprise, ça a du bon, pourvu qu’elle jouisse du confort du protectionnisme.

Dans cette vision d’économie à huis clos, le président du FCE rejoint naturellement la politique économique publique, s’il y en a une. Après avoir relevé, dans l’entretien, que “le ciblage des secteurs prioritaires doit être plus précis”, il se fait plus loin l’avocat de l’existence d’une “stratégie économique” ; “la stratégie industrielle est une stratégie économique”, proclame Hamiani. S’il ne manquait pas à l’appel, les secteurs primaires, et surtout la manière de libérer des capitaux et les modalités de leur orientation vers les secteurs prioritaires !

Plus loin, le président du FCE se désole de la “diabolisation” de la privatisation avant de se raviser quand il est question du CPA et de trouver que la valse-hésitation était “en réalité, fondée”, reprenant à son compte l’argument officiel des “subprimes”. Pourtant, les autorités elles-mêmes n’ont pas insisté sur leur timide justification : la crise, si elle doit sanctionner quelqu’un, ce serait l’acquéreur, pas le vendeur qui, lui, a tout le loisir de fixer un prix plancher. Et malgré ce revirement, dont la cause reste mystérieuse quoi qu’en disent nos autorités financières, Hamiani défend la réforme, c’est-à-dire la non-réforme, financière : il trouve que “des efforts ont été accomplis. Un chèque est encaissé plus rapidement, des dossiers de crédits se donnent plus rapidement, il y a une proximité par rapport aux chefs d’entreprise, un fonds de garantie”.  Même la ministre déléguée aux réformes en question a convenu du problème dû au défaut de crédibilité du chèque et à l’usage immodéré du billet de banque.

Quand Hamiani trouve que les autorités “ont raison” de “suspendre l’agrément de nouvelles banques étrangères”, il concilie la tentation protectionniste de nos industriels et leur penchant politique conciliateur.

La critique des politiques économiques semble se heurter aux limites conciliatrices de nos entrepreneurs : on regrette l’absence de stratégie industrielle et d’encouragement au développement, mais on approuve les décisions et les hésitations qui, justement, sont à l’origine de la panne ! Ou comment bousculer les réformes sans irriter le régime.

Mustapha Hammouche

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