Les représentants de l’islamisme modéré

S’il y a bien un parti rompu aux dribbles et à la feinte politique, c’est bien le MSP. Ce «sport» a été inculqué à cette formation politique depuis sa création sous l’ère de feu Cheikh Nahnah. La tradition se perpétue encore sous la direction de Bouguerra Soltani si bien que ce parti a su résister aux tempêtes de la scène politique, qui ont brisé des chefs et font disparaître des partis.

Les dirigeants du MSP savent comment troquer leurs djellabas d’islamistes contre des costumes trois pièces en alpaga; ils savent abandonner la chéchia pour la cravate et vont même jusqu’à se débarrasser de leur barbe et se raser de près pour se parfumer avec les derniers après-rasages venus directement des grandes boutiques des Champs-Elysées. La tactique a porté puisque le MSP, aujourd’hui, occupe une place de choix sur l’échiquier politique.

Il se présente comme étant le meilleur avocat de l’islamisme modéré qui s’est attiré les foudres de la mouvance radicaliste des salafistes-djihadistes qui l’accuse d’avoir trahi la cause islamiste. Il s’impose comme un élément incontournable dans la réforme politique. Et enfin, il s’est réapproprié un long combat mené par les démocrates.

Quand le MSP se revendique aujourd’hui de démocratie, de droits de l’homme, de libertés collectives et individuelles, de droits de la femme et de réforme de l’école, cela m’émeut plus. Pourtant, à sa création, l’objectif premier de ce parti était d’instaurer ni plus ni moins un Etat théocratique! C’est ce parti qui voulait remplacer la Démocratie par la choracratie, c’est ce parti qui s’est farouchement opposé à la réforme de l’école, c’est ce parti qui a refusé la révision du Code de la famille, c’est encore ce parti qui a appuyé au Parlement l’interdiction des boissons alcoolisées.

Mais peut-on accabler indéfiniment ce parti et l’accuser de tous les maux de l’Algérie? En fait, le MSP résume, à lui seul, la complexité de la donne islamiste en Algérie. Le MSP s’est essayé à la gestion et nul n’ignore que plusieurs de ses militants les plus convaincus occupent actuellement des postes de responsabilité. Ils sont aussi bien dans l’administration que dans des départements ministériels.

Maintenant que deux tendances s’affrontent ouvertement pour le leadership du parti, qu’arrivera-t-il si la tendance la plus radicale se saisit des rênes du parti? Qu’arrivera-t-il si cette tendance s’affranchit totalement du pouvoir et décide de regagner sa véritable niche idéologique? Qui pourra contenir cette machine rompue et rodée? La question mérite d’être posée même si elle relève, pour le moment, de la spéculation.

Brahim TAKHEROUBT

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