L’acteur, l’observateur et la source

D’après certains articles, il y a une nouvelle version de la saga de la révision constitutionnelle. Ce ne serait plus la révision de l’article 74 qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, mais un prolongement de la durée du mandat à sept ans. La modification s’appliquera, rétroactivement, au mandat actuel. Ainsi aurait parlé “une source proche de la présidence de la République”.
Qu’importe la probabilité de cette variante de plus parmi tous les moyens envisagés pour prolonger la vie du régime en place ! C’est le seul domaine où le système n’a jamais tari de génie. La pression pour la continuité ne doit pas baisser ; la chorale commençait à s’assoupir.
Qu’importe donc… On voulait juste se demander si c’est la même “source proche de la Présidence” qui a annoncé que l’Algérie sera très hautement représentée à l’inauguration des Jeux de Pékin.
Qui s’attendait à ce que le pouvoir algérien boycottât un pays pour cause de déni de droits de l’Homme ? La question de l’État de droit indispose déjà suffisamment nos dirigeants, habitués qu’ils sont à réaliser leurs prestations diplomatiques dans un contexte où les carcans locaux jouissaient de la tolérance internationale.
La source semble n’avoir pas bien été inspirée de faire l’annonce juste après que l’Algérie eut passé, à Genève, un éprouvant examen de sa situation en matière de droits de l’Homme. Est-ce pour réagir à cette rigueur de la communauté internationale que notre pouvoir a voulu exprimer sa solidarité avec un pays qui traverse l’épreuve vécue par toutes les dictatures qui ont voulu se payer l’organisation des JO tout en poursuivant leurs activités répressives ?
Elle ne semble pas avoir été bien inspirée non plus de le faire un 18 avril. C’est mal tombé. Mais la mémoire n’étant pas la caractéristique distinctive de nos politiques et, apparemment, de leurs “sources”, peut-être ne se sont-ils même pas rendu compte de la maladresse…
Tous les cercles, milieux et institutions ont leurs “sources”. Les unes plus abondantes que les autres, elles irriguent la presse, et par là, l’opinion.
La question de “la source” n’a rien de dérangeant si elle ne posait, en termes d’éthique informationnelle, au moins deux problèmes. Le premier est que le monde médiatique se retrouve à relayer des informations officielles ou officieuses déguisées en “fuites” que des “sources” auraient laissé entendre. Le second qui en découle est que la presse, en “se mouillant” auprès de la “source”, assume finalement, à la place de l’acteur politique, institutionnel ou social concerné, la véracité de la nouvelle.
Ainsi, l’auteur a tout le loisir de se tromper ou de se rétracter pendant que la presse se prête à l’endossement risqué des prédictions ultérieurement contredites par les évènements. Si cela arrive, l’information “sourcée” n’est alors, au pire, que ragot de journalistes manquant de professionnalisme et, au mieux, elle n’est que rumeur infondée.
Sans compter que cet état de fait complique le dur métier de commentateur où il s’agit d’apprécier les initiatives d’acteurs qui n’ont rien dit, sinon inspirer, sans autre engagement des sources qui, à leur tour, ont inspiré des plumes.

Mustapha Hammouche

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