Du temps de … Chadli

Les Algériens ont tendance à avancer lentement, à se comporter comme s’ils avaient deux ou trois vies à vivre. Le rythme de la tortue les fascinerait, les griserait et c’est ce qui explique peut-être le fait qu’ils refusent crânement d’accorder une quelconque importance au temps, à l’instar des peuples ordinaires. Ainsi, sur les hauts d’Alger, des gens attendent de se faire livrer des locaux commerciaux à Bouzaréah qu’ils ont contractés depuis… 20 ans.

Une affaire qui remonte à l’époque de… Chadli Bendjedid. Un conte de 444 kiosques qui, chez nous, compte plus d’âge que le… multipartisme. De simples et modestes petits locaux initialement destinés au commerce des fruits et légumes et dont les taxes et droits ont été totalement acquittés. Des lieux pourtant plus que jamais nécessaires à la commune, mais qui ne sont toujours pas livrés à leurs prétendants, aujourd’hui en âge, pour certains d’entre eux, de faire valoir leur droit à la retraite. Des kiosques qui se font désirer autant que le fameux métro d’Alger, bien qu’ils aient coûté moins au contribuable. Le métro est, comme chacun sait, le plus vieux projet en attente.

Un tunnel a été réalisé sous la Manche et lui se fait toujours attendre. L’Algérie vit depuis des décennies une crise aigué de logements, des constructions sont entamées en grand nombre mais traînent la patte au point que les pouvoirs publics pensent à obliger les gens, même lorsqu’il s’agit de particuliers, à achever les travaux. Avec l’AADL, le problème des délais se pose là aussi : les candidats au logement ont payé et attendent d’habiter.

Les pouvoirs publics affichent leur mécontentement de voir inexploitées les terres agricoles, au moment où la facture alimentaire se voit pousser des ailes, après l’envol des prix au niveau mondial. Les terres ne peuvent plus s’offrir des congés illimités et doivent travailler leurs heures. Aussi, pense-t-on chez Barkat à des formules qui inciteraient ou viendraient tout simplement obliger les gens à féconder leurs champs et à les rendre aussi performants que les maternités de chez Tou.

Apparemment, les pouvoirs publics ne veulent plus remettre à demain ce qui peut être fait aujourd’hui et c’est tant mieux. Dans Sa générosité, Dieu nous accorda une terre paradisiaque dotée de toutes sortes de richesses dont peut rêver une nation. Qu’en faisons-nous ? Notre peuple en tire-t-il profit de façon à ne plus viser la harga, à ne plus être tenté par le métier de kamikaze, de façon à accéder à la prospérité et à surmonter le sous- développement, l’ignorance, la violence ?

N’est-il pas malheureux de voir qu’un ambitieux programme d’un coût de 150 milliards de dollars et qui accroche l’espoir de tout un peuple peine à trouver sa vitesse de croisière ? Dans un pays qui manque de tout et dont la jeunesse piaffe d’impatience ? Est-il normal que rien ne soit fait pour mobiliser un tant soit peu les Algériens autour de la défense d’un programme dont l’objectif avoué est de servir leurs propres intérêts ? On avance lentement, très lentement, comme si nos programmes ne devaient pas nous mener à la vie mais à une mort certaine, et qu’il fallait donc à tout prix en retarder l’échéance. Alors, en Algérie, le temps se fige !

Mohamed Zaâf

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