Cela fait très sérieux !
Le gouvernement vient de décider du prix du ciment. C’est bien, c’est très bien. Cela va certainement faciliter les comptes des entreprises du bâtiment et quelques-unes échapperont au dépôt de bilan et poursuivront la marche forcée vers le million de logements. Le gouvernement avait aussi décidé du prix de la semoule et de l’huile.
Il a créé un office pour importer la poudre de lait et la revendre sur place. Il a même été question (un moment de folie, je suppose) d’un office de la pomme de terre. Moi, cela me fait rire car je pense à la tête qu’auront ceux qui sont venus nous convertir à leur religion du marché. Cela fait très cohérent et très sérieux. Les nouveaux prêtres arrogants et sûrs d’eux nous ont servi de mauvais cours d’économie que l’on peut retrouver dans toutes les mauvaises brochures de propagande de l’ultralibéralisme. Mais quand vous avez le pouvoir, vous avez le droit exclusif de parler tout seul.
Alors, ils ont parlé tout seuls. Puis le terrain est venu leur mettre ses réalités sous les yeux. Ils n’ont pas vu parce qu’ils ne voulaient pas voir. Mais ils n’ont pas grand-chose. Ils ont cassé un peu plus les entreprises publiques. Ils ont développé des connivences entre détenteurs du pouvoir politique et entreprises multinationales, ils nous ont enfoncés un peu plus dans la dépendance à l’égard du pétrole. Mais rien de tragique. Cette tendance était inscrite dans les faits avant leur venue, ils l’ont un peu bricolée, sans plus. Aujourd’hui, les pays modèles de l’ultralibéralisme, les USA et beaucoup de pays européens, prennent des mesures de contrôle du marché, notamment financier, plus ouvertement crapuleux que jamais.
La fameuse main invisible du marché n’a pas fonctionné ou alors a fonctionné dans le sens de la crise, de son aggravation. Que vont nous dire nos ministres ultra-libéraux aujourd’hui que la surveillance et le contrôle du marché apparaissent comme une nécessité vitale pour leurs maîtres à penser et pour les maîtres du monde ? Rien, ils ne vont rien dire.
Car dans les règles de fonctionnement du Parlement, ils n’ont pas de comptes à rendre. Surtout pas sur cette cacophonie dans les orientations. Nous devions depuis 20 ans passer, comme le disent joliment les «experts», d’une économie administrée à une économie de marché. Nous faisons souvent l’inverse à moins que ceux qui en parlent ne sachent pas du tout ce qu’on appelle une économie de marché, ne sachent pas ce qu’est une économie tout court et surtout ce qu’est un marché. Cela vous étonnerait ?
MOHAMED BOUHAMIDI