Sortir de l’engrenage du chômage

Les mesures annoncées par le Conseil du gouvernement sont incitatives, pertinentes et encourageantes pour un secteur, celui du travail, en plein désarroi. Toutefois, aussi positives soient-elles, ces mesures resteront lettre morte si, dans le même temps, ne sont pas prises des décisions parallèles en amont et en aval, pour consolider une stratégie qui doit encore faire ses preuves, tant rien n’est acquis à l’avance. Surtout dans un domaine, celui de l’emploi, où tout reste à faire.

La création de nouvelles entreprises, la modernisation de celles existantes, la mise à niveau du secteur industriel, aujourd’hui obsolète, sont autant de mesures d’accompagnement, essentielles, pour donner un contenu à cette politique pour la voir aboutir sur le terrain, par l’allègement, un tant soit peu, du chômage. Et puis, peut-on s’interroger: cette nouvelle stratégie de l’emploi a-t-elle pour unique ambition de «caser» les chômeurs d’aujourd’hui ou se projette-t-elle sur le long terme afin de donner au monde du travail les instruments de sa pérennité? Dans un cas comme dans l’autre, il y a un hic!

Combien de sans-emploi y a-t-il en Algérie? Difficile à savoir tant les chiffres varient dès lors qu’ils sont produits par des «officiels», par des «experts» ou par des organismes plus ou moins officiels, plus ou moins indépendants. Or, les chiffres, comme chacun sait, on peut leur faire dire tout ce que l’on veut et sont souvent manipulés et/ou manipulateurs. Ce qui relativise de beaucoup leur vérité sur une question, le chômage, qui préoccupe autant le jeune qui arrive sur le marché du travail que le gouvernement qui se trouve face à un casse-tête. En réalité, on n’a pas fini de jongler avec les chiffres quand la vérité est ailleurs.

Lors de son dernier point de presse, le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, a affirmé, que chaque année, 120.000 diplômés de l’université arrivaient sur le marché du travail, sans que ceux-ci soient assurés de trouver le sésame qui leur ouvre droit à l’emploi. Optimiste, son collègue du Travail, Tayeb Louh, affirmait, en marge du 11e congrès de l’Ugta, que 2 millions de postes de travail allaient être créés d’ici à 2009.

Comment cela se peut-il lorsque le même ministre affirmait, récemment que 750.000 emplois ont été créés entre 2005 et 2007, ce qui donne une moyenne de 250.000 emplois par an. Expliquant sa nouvelle politique, M.Louh a indiqué que sa stratégie prévoit la création de 450.000 emplois par an sur cinq ans. Ce qui est loin de faire les comptes. Tous ces chiffres donnent le tournis mais ne donnent aucune réponse concrète quant au devenir immédiat de dizaines de milliers de jeunes, diplômés ou non, à la recherche de travail.

Alors, combien de chômeurs comptabilise l’Algérie, 1,5 million, selon les uns, 2 millions de personnes selon d’autres, plus encore? Pas facile à dire. Aussi, les mesures incitatives prises mardi par le Conseil de gouvernement peuvent-elles être la panacée? Cela est plausible, encore faut-il que ces mesures, en elles-mêmes prometteuses, soient encadrées par d’autres mesures tout aussi motivantes incitant à la création d’entreprises nouvelles, d’une part, la mise à niveau d’autres, vétustes, qui ne répondent plus aux normes de travail, d’autre part.

En fait, une vision globale de l’emploi pour le long terme reste la condition, sine qua non, pour sortir du labyrinthe qu’est devenu l’accès au travail. Cela demande des initiatives, certes, mais aussi de la volonté, comme d’y mettre, surtout, le prix. Le gouvernement sait ce qu’il lui reste à faire pour sortir de cet engrenage infernal qu’est le chômage.

N. KRIM

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It