Le coq aux œufs d’or… durs
Hier, la docte MAP marocaine nous raconta une belle histoire d’expert comme elle sait si bien en produire. Une histoire consacrée initialement au devenir des peuples autour de notre belle Méditerranée mais qui, en route, dévia sur l’avenir frontalier algéro-marocain. Une ligne officiellement fermée mais qui, dans la réalité, s’avère être une intime passoire d’un modèle des plus prisés des contrebandiers. Une ligne qui – et c’est tant mieux pour nos populations des régions d’Oujda et de Maghnia – est moins séparatrice que le «mur de la honte» érigé par les FAR en pays sahraoui.
Le héros de la MAP déplorait qu’à la récente demande du Maroc d’ouvrir les frontières avec l’Algérie, «il lui fut répondu sèchement que cela ne constituait point une priorité pour Alger». Le héros de la MAP n’étant ni un ressortissant marocain, ni un ressortissant algérien, ni même un Maghrébin, on ne manque pas de se demander en quoi le classement algérien des priorités le dérange. Une attitude qui explique merveilleusement le proverbe qui dit : «La poule pond et le coq se plaint des douleurs.»
Cet expert venu du nord, qui s’exprimait à un forum à Paris présidé par le Franco-Marocain Albert Mallet, trouvait que, dans le Bassin méditerranéen, «on circule plus facilement entre le Nord et le Sud, dans les deux sens, qu’entre le Sud et le Sud». Si le flux du Nord vers le Sud connaît quelques tracasseries bureaucratiques, la circulation entre le Nord et le Sud est tellement plus facile qu’on arrive souvent à l’accomplir sans papiers et parfois même à l’état de cadavre.
Quant à la circulation Sud-Sud, on ne peut nier que c’est l’encombrement et les interminables chaînes aux postes frontières qui sont la cause principale de cette difficulté à notre frontière est. A entendre l’expert du bureau londonien, l’Algérie serait contaminée par le «vieux continent» et préférait à son instar la circulation des biens avec une belle aversion pour la circulation des personnes. Si c’est le cas, on fait encore fausse route puisque, aux dernières nouvelles, Alger suggérerait un élargissement du visa Schengen à tout le Bassin.
Une idée qui, si elle était retenue, facilitera davantage la circulation Nord-Sud et contribuera à faire sauter les verrous mis à l’itinéraire inverse. Le Maroc ne verra probablement aucun inconvénient à un Schengen méditerranéen même si, de son côté, il continue, dans le cadre de l’UMA et de sa fraternité, à imposer un visa à nos populations de Mauritanie.
M. Missoum Sbih, l’ambassadeur d’Algérie à Paris, insistait, lui, sur la dimension humaine du projet de l’Union pour la Méditerranée. Un projet qui change de nom, qui change d’auteur mais qui conserve son cachet de pur produit européen. Mais, au-delà du flou qui entoure un projet qu’on n’arrête pas de rudoyer, la question casse-pieds qui reste posée c’est de savoir si un visa Schengen élargi à la Méditerranée peut se concevoir avant qu’on ne règle une bonne fois pour toutes le conflit arabo-israélien ?
On imagine mal par exemple Mofez troquer sa cape de Dracula contre un boubou saharien pour aller traire tranquillement le Margot aux abords de la Chiffa ou aller pêcher innocemment le Cherchmen du côté de Oued Souf. Quant à la divergence algéro-marocaine sur la manière de gérer leurs frontières, l’expert de Londres devrait inclure dans ses visions stratégiques la culture locale pour mieux appréhender le sujet. Or, un proverbe de chez nous dit qu’«il n’y a que Satan à s’incruster entre l’ongle et la chair».
Mohamed Zaâf