La stratégie du «subventionnariat»
Nous voilà donc face à une nouvelle théorie économique qui fera retourner dans leur tombe les Adam Smith, Karl Marx, Keynes et Friedman, eux qui ont remué de fond en comble les fondements des sciences économiques. Sans le savoir, c’est le propre des grandes trouvailles, nos vaillants responsables viennent de révolutionner l’économie par ce qu’il convient désormais d’appeler: «La stratégie du subventionnariat». Après les produits de large consommation comme le lait, le blé, la semoule, après la pomme de terre, c’est au tour du rond à béton d’être subventionné par le gouvernement.
Cette technique typiquement algérienne, suppose, qu’à chaque fois que le prix d’un quelconque produit s’enflamme, il faut le subventionner. Ainsi, on joint l’utile à l’agréable. D’une part, on assure la disponibilité du produit et de l’autre, on achète la paix sociale. Car nos responsables ne s’embarrassent pas des théories fondées et de l’académisme économique. Et puis, à quoi ça sert de réfléchir quand on a les poches pleines? Mais est-il possible de continuer à gérer un pays par de l’à-peu-près, le tâtonnement et le provisoire?
L’Algérie est passée de l’époque des usines «clés en main» et du volontariat des années 70-80, à celle des assises, des stratégies et du subuventionariat. C’est-à-dire du pareil au même. Les subventions ne sont possibles que dans la cadre d’une aisance financière. En revanche, ces subventions démontrent un manque terrible de savoir-faire et de stratégie. Que dire alors des capacités d’anticipation!
La facilité avec laquelle les gouvernants algériens réagissent aux problèmes est déconcertante. Finalement la question:
«Peut-on gérer le pays rien qu’avec des centaines de milliards de dollars?» ne mérite même pas d’être posée puisque nos gouvernants nous démontrent le contraire chaque jour.
Le ministre du Commerce n’a pas hésité à lever les bras face à la flambée des produits de large consommation: «Ce n’est pas moi c’est la faute au marché mondial». Avant lui, c’était le ministre de l’Agriculture qui a utilisé jusqu’à l’usure cet argument. Il est tout de même de la responsabilité de ceux qui occupent de hautes fonctions de l’Etat d’assumer pleinement chaque situation donnée! Au lieu de cela, ils réduisent les préoccupations du pays à leur petite personne.
Profitons donc de cette prospérité conjoncturelle et tant qu’on a les poches pleines. Sinon, à quelle sauce serions-nous allègrement avalés par d’autres pays et d’autres puissances?
Brahim TAKHEROUBT