Qui harcèle qui ?
L’opinion algérienne devait certainement se féliciter qu’à la veille du Mawlid Ennabaoui Echarif, le tintamarre autour de l’évangélisation commence à se tasser et que chacun se montre disposé à se conformer à la loi de 2006 codifiant les activités religieuses. Les Algériens qui, il ne faut pas le perdre de vue, vivent sous l’état d’urgence, font face à plus de défis qu’il n’en faut et n’ont donc nullement besoin d’être gratifiés d’une fitna supplémentaire qui pourrait renoircir leur image de marque.
La liberté de culte est reconnue par la loi et la même Algérie a mis en place des lois qui régissent l’activité religieuse, qu’elle soit musulmane, chrétienne ou autre. Des lois que «les églises sont sommées de respecter», admettait devant la presse M. Robert Ford, l’ambassadeur américain en Algérie.
Des paroles simples mais tout à fait logiques ! Sauf qu’à la veille du Mawlid, certains de nos compatriotes lançaient un appel qui venait s’inscrire en porte-à-faux de la déclaration du diplomate. Leur texte dénonçait le harcèlement des chrétiens pour «délit de prière». L’Algérie interdirait-elle à des gens de prier du seul fait d’être des chrétiens ? Pourquoi ne pas l’avoir dit alors aux Algériens à partir de leur pays ? Pourquoi avoir choisi de le faire loin des lieux du «crime» ?
Si l’on ne l’a pas fait à partir d’Alger, c’est peut-être parce que les Algériens savent depuis toujours que les chrétiens n’ont jamais rencontré de problèmes pour observer leur culte. Les signataires omettent de dire que les officiels algériens n’ont jamais outrepassé les textes en vigueur lorsqu’ils traitaient les problèmes de coloration chrétienne. Ils ont omis de dire aussi que les Algériens essayent de faire respecter leurs lois comme on le fait si bien en France.
C’est ce que certains appellent le mensonge par omission. Ce qui est frappant dans l’affaire, c’est que les signataires n’ont jamais élevé la voix quand c’était l’islam qui encaissait brutalement les coups dans sa propre maison, sans que l’on sache jusqu’à ce jour d’où provenaient les coups exactement. Pas plus tard qu’hier, la presse faisait état hier de la fermeture de 17 salles de prière. Personne n’a trouvé à y redire, les salles étaient illégales.
Maintenant, si les signataires de l’appel considèrent que s’opposer au prosélytisme est une atteinte à la liberté, ils devront admettre, particulièrement sur la question de la religion, que leur notion de la liberté et celle de la majorité du peuple diffèrent. La liberté du point de vue populaire, c’est de se limiter à son carré et de ne pas fouler le champ du voisin. Chez nous, la conversion parallèle n’est tolérée qu’au square Port-Saïd.
Mohamed Zaâf