La Toile, horizon de liberté

Ces dernières semaines l’Algérie bouillonne de séminaires et autres journées d’études sur le phénomène – ô combien multiforme dans le fond - de la cybercriminalité. Des officiels sont allés jusqu’à n’entrevoir et proposer en seule recette de « guérison de la société », qu’un flicage, avec caméras et tout le toutim verrouillant d’abord les cybercafés, perçus ports infestés de trafics en tous genres. Alors qu’à en observer les sens pratiques dont les chargent jeunes et moins jeunes du pays ces lieux de communication libre sont en fait tout simplement producteurs d’abord de possibles lueurs à même de sortir de la grotte Algérie.

Et d’abord du suranné monopole d’Etat sur l’audiovisuel. Même si bien entendu en même temps de vrais nids de guêpes se nichent en des sites Web, entre autres, pour attirer et puis détourner les jeunes Algériens d’une lecture humaniste du Coran. Et pire, les fourvoyer en chaire à canon de bombes kamikazes.

Ce que n’ont pas fait quand même les idéologues et miliciens du parti unique FLN depuis 1962, pour réussir, eux, à faire de l’Algérie le « fleuve détourné » dont nous avons hérité. Pour que ni cela ni d’autres ficelles ne viennent tisser un plus affreux corset à l’Algérie, déjà bonne pratiquante plongée dans l’irremplaçable Toile du monde, conjurons le sort en référant à une chose surréaliste de censure survenue ces jours-ci en notre cher Maroc voisin.

Le fait est celui-ci : Fouad Mourtada, jeune ingénieur informaticien marocain a créé un compte sur Facebook sous le nom du prince Moulay Rachid, un des frères du souverain Mohamed VI. Arrêté début février, le tribunal de grande instance de Casablanca vient de le condamner à trois ans de prison ferme et une amende de 1000 dirhams (environ 880 euros). Le motif est : « utilisation de données informatiques falsifiées et usurpation d’identité ».

Solidaires de lui, des journaux indépendants marocains et des sites web défendent le jeune informaticien qui, « par pure naïveté, parce qu’il se croyait égal aux autres citoyens du monde, est aujourd’hui le fruit d’une des plus grandes injustices que le Maroc ait connues ces dernières années ». Même s’il est toujours difficile de quantifier la violence d’une injustice, il est bon, y compris dans les usages d’Internet, de ne pas oublier le bon vieil adage : « La liberté d’expression ne s’use que si l’on s’en sert pas ».

Belkacem Mostefaoui

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