L’agitaction

Ces derniers temps, l’Algérie enregistre beaucoup d’activités. Une énergie qui avance à saute-mouton et qu’on assimile, lorsque l’on se retrouve de l’autre côté de la barrière, à de… l’agitation. Donc, le corps de l’Algérie s’agite. Pas de plaisir comme dans une danse lors d’une fête, mais de désespoir comme s’il frémissait sous la gégène, le joujou adoré d’Aussarress et des autres bienfaiteurs.

Dimanche, à Annaba, alors que la messe n’était pas encore dite, c’étaient 22 harragas et leurs poursuivants qui s’agitaient au large, à une vingtaine de miles de la côte. Si l’on sait que les poursuivants ont fini par gagner la partie, on ne sait pas si les fugitifs réclameront ou non les locaux et les crédits que l’Etat se proposerait d’accorder à tous les harragas qui échoueraient dans leur harba.

Qui a dit que l’Etat est sans cœur et qu’il ne savait pas consoler ? Et s’il venait à se confirmer, ne serait-ce pas là un geste unilatéral des pouvoirs publics qui, pour une fois, anticipent sans attendre la moindre des revendications d’un syndicat des harragas si jamais on venait à en créer ? Il ne restera plus qu’à dialoguer avec les réseaux de passeurs pour les dédommager des éventuelles pertes qu’ils ne manqueront pas de subir conséquemment aux largesses de l’Etat.

Car il faudra qu’on se mette un jour à dialoguer ; il nous faudra redécouvrir les vertus du dialogue et de ses conséquences parfois inimaginables. L’absence de dialogue a eu pour résultats une grève que la justice jugeait illégale et appelait ses promoteurs à y mettre fin. Le système chez nous n’a jamais vu d’un bon œil la polygamie syndicale et reste d’une fidélité à toute épreuve à l’UGTA, le syndicat «dialoguiste», comme diraient les aârchs. L’UGTA qui trônait sans rivale avant la Constitution de 1989, continue aujourd’hui encore à être dans la tripartite, le seul interlocuteur syndical du gouvernement et du… patronat.

Et c’est à se demander pourquoi M. Farouk Ksentini ne ferait pas pour le monde syndical la même proposition qui visait à ramener le nombre des associations à caractère politique à trois ou quatre. M. Ksentini relevait que les partis politiques ne servaient pas à grand-chose sinon à piquer de l’argent à Zerhouni lors des fiestas électorales. Aux dernières nouvelles, Zerhouni aurait décidé de ne plus limiter l’aide aux partis à l’occasion des élections, mais de la prolonger au bénéfice de ceux de leurs militants élus.

Une aide qui doit les aider à «mieux assumer leurs responsabilités». Il est vrai que beaucoup d’élus se retrouvent durant leurs mandats confrontés à toutes sortes de revendications et de protestations. Des événements qui donnent souvent lieu à de l’agitation, comme ce fut récemment le cas à Boghni où les villageois bloquaient la route pour protester contre la création de lieux de débauche dans une région qui, bien que perturbée, refuse de larguer sa pudeur. Une région encore sujette aux saccades et à l’agitation puisque là aussi on s’était offert l’interlocuteur pratique.

Mohamed Zaâf

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