Le paradoxe de l’échec et de la continuité

Après les partis de l’Alliance de gouvernement, c’est au tour des “élus indépendants” et de partis de “l’opposition” de se bousculer pour s’inscrire dans la liste de soutiens à la révision de la Constitution pour un troisième mandat.

Cette campagne anticipée pour une réélection du Président et pour une Constitution accommodée à cet effet est rythmée par les attentats terroristes, les grèves de fonctionnaires, les naufrages de harragas.

Mais le contexte semble sans effet sur l’acharnement du pouvoir à graver dans les consciences l’inéluctabilité d’un troisième mandat et sur la course effrénée de politicards opportunistes pour s’arrimer au projet de perpétuation du régime. La vie politique du sérail est totalement “décontextualisée”. Et quand les dirigeants, par souci de communication, abordent la question de l’état de la nation, ils sont obligés d’user du discours surréaliste qui témoigne d’un autisme politique inquiétant. Même les sujets sectoriels donnent lieu à des déclarations qui illustrent la déconnexion de la responsabilité d’avec son objet.

Ainsi, pendant que la corruption saigne le Trésor public en lui infligeant des manques à gagner et des détournements faramineux, le pouvoir se targue de vouloir soumettre les entreprises publiques économiques au contrôle de l’IGF. Comme si l’inspection avait entièrement accompli sa mission de sauvegarde des budgets de l’État pour se voir confier des tâches supplémentaires dans le contrôle de l’usage des capitaux marchands de l’État ! À moins que le propos ne soit de disperser un peu plus la mission d’inspection des finances.

Quand le ministre de l’Intérieur veut nous tranquilliser, il nous promet la sécurité pour 2010, c’est-à-dire après 2009. Nous avons donc intérêt à ce qu’il soit encore là dans deux ans !

Alors que l’émigration clandestine, le vagabondage et la mendicité massifs se banalisent, le ministre de la Solidarité parle d’un taux de pauvreté de 5% et joue sur la nuance incongrue entre pauvres et nécessiteux.

Alors qu’il est question de faire quelque chose pour convaincre les jeunes de renoncer à l’aventurisme mortel, c’est la gendarmerie qui annonce la création des brigades spéciales pour annihiler le fléau.

Quand il devient évident que le terrorisme peut frapper n’importe où dans le pays, le ministre du Tourisme projette de sécuriser le Sud touristique. Ce qui est possible par endroits ne serait-il pas possible partout sur le territoire national ? Ou bien devra-t-on se résoudre à ne protéger que l’Algérie utile ?

Partout, les institutions publiques s’entourent de bornes et de chaînes, accaparant les trottoirs et les rues, rejetant les piétons sur la chaussée et déroutant la circulation. Et leurs occupants, barricadés derrière ces palissades de fer et d’acier, s’affairent à organiser l’après-2009 ! Pas lassés par leurs échecs à répétition. Pourtant, dans le spectacle de ces grèves étouffées, mais récurrentes, de l’insalubrité des villes, de la rareté du logement et de l’emploi, du crash de la mercuriale, des massacres à l’explosif, il y a de quoi se décourager… Est-ce par audace ou par inconséquence qu’un tel état des lieux ait pu créer l’envie de perpétuer la gestion qui en est à l’origine ?

Mustapha Hammouche

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