LES OMBRES D’UN SALON DU LIVRE

Vous saviez que l’auteur déclaré auteur-phare du prochain salon du livre de Paris est Boualem Sensal ? Vous saviez que dans ses entretiens avec la presse, il a transformé un nazi inventé pour les besoins de son roman en réalité politique massive des actes de la libération puis de l’Algérie indépendante ?

Vous saviez, entre autres choses, il a déclaré que jamais la Télévision algérienne n’avait diffusé le moindre sujet sur la Shoah malgré la série réalisée par le poète N. Abba et que l’Algérie indépendante n’enseigne pas la Shoah à ses élèves ? Vous n’aviez pas compris pourquoi la Shoah devait devenir un mauvais procès pour nous Algériens avec tous les souvenirs de nos pères et grands-pères morts ou blessés sur les fronts anti-nazi de Monte Cassino aux forêts allemandes ?

Vous n’aviez pas compris pourquoi ce mauvais procès, un de plus et inventé de toutes pièces, devait nous accabler et surtout accabler la mémoire de nos pères ? Vous vous doutez que cette mobilisation médiatique n’a rien d’accidentel car vous vous rappelez de quel poids politique a pesé la campagne qui a construit les dissidents avec quelques auteurs ou artistes rarement talentueux ? Vous vous souvenez qu’alors pour les intellectuels la classe ouvrière devenait infréquentable pour cause d’incompatibilité entre les idéaux de liberté proclamés par le socialisme et l’image que donnaient les médias d’une répression sauvage de toute pensée et de création en URSS ou dans les pays socialistes ?

Vous saviez aussi qu’Israël est l’invité officiel du Salon du livre de Paris ? Quel confort pour Israël que notre peuple qui a reçu le plus de marques de sympathie et de soutien pour sa guerre de Libération puis sa résistance au terrorisme de la part de tous les milieux et de la part des personnalités les plus représentatives de l’humanisme authentique dont Jean-Paul Sartre que je cite exprès pour les cauchemars qu’il provoque encore à toutes les idéologies de la domination nationale et raciale ? Vous ne comprenez pas pourquoi nos dirigeants ont tué l’effet à long terme de ces sympathies en enterrant leur souvenir par étroitesse d’esprit ?

Vous n’avez pas compris pourquoi nos dirigeants laissent faire et que la défense des justes combats de nos pères retombe sur nos épaules de simples citoyens pas toujours libres de dire ce qu’ils veulent ? Vous ne comprenez pas que notre pays soit devenu si fragile qu’on peut laver Israël de ses crimes en terre de France en nous inventant si facilement des salissures et mettre en difficulté tous ces historiens français qui défendent bec et ongles la vérité historique et se battent contre la nostalgérie ?

Mais ni les constructions de Sensal (et je condamne fermement la censure de ses livres, nous sommes assez grands pour nous faire une idée sans la tutelle de l’Etat) ni le battage médiatique parisien ne pourront masquer les réalités lourdes de notre époque qui trouve reflet dans la lettre du poète israélien à Madame Edna Degon, «chargée de mission au Salon du livre 2008» :

«Chère Edna,
Je vous remercie pour votre lettre.
Je ne pense pas qu’un Etat qui maintient une occupation, en commettant quotidiennement des crimes contre des civils, mérite d’être invité à quelque semaine culturelle que ce soit. Ceci est anti-culturel ; c’est un acte barbare travesti de culture de façon cynique. Cela manifeste un soutien à Israël, et peut-être aussi à la France, qui appuie l’occupation. Et je ne veux pas, moi, y participer.
Salutations cordiales
Aaron Shabtai
7 décembre 2007».

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It