Questions d’après-attentats
Femme ou pas femme ? “En l’état actuel des investigations, nous ne pouvons nous prononcer”, répondaient savamment les responsables des services de sécurité interrogés. Il fallait guetter le communiqué qu’Al-Qaïda n’allait pas manquer de mettre en ligne sur son site pour nous ôter de ce doute ! Ce qui fut fait hier.
Le débat important portant sur le grave sujet du sexe du kamikaze est clos ! Pas tout à fait puisqu’il paraît que sur les trente-trois kamikazes recensés, il y aurait une femme. Et on attend de pied ferme que cette pucelle de vingt-six ans “au visage d’ange”, comme l’a décrite un confrère “sourcé”, et qui s’est hasardée dans un monde de brutes, se manifeste. Bizarre tout de même que les candidats au suicide meurtrier soient si précisément, mais apparemment si inefficacement répertoriés. “Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.” Cette vérité rappelée par un proverbe chinois semble abondamment exploitée par le commentaire médiatique d’après-attentats.
Le 11 avril 2007, nous eûmes droit à la profonde problématique de savoir si les kamikazes du Palais du gouvernement et du commissariat de Bab-Ezzouar étaient des vrais. Il était question de pièces électroniques trouvées dans le véhicule déflagré et qui pouvaient laisser penser qu’il fut explosé à distance. Auquel cas, on pouvait encore soutenir la thèse que de jeunes Algériens qui, depuis longtemps pouvaient s’engager dans le terrorisme, ne pouvaient pas encore se porter volontairement candidats au suicide assassin. Comme si c’était une étape supérieure de la criminalité que leur éducation ne pouvait les autoriser à franchir.
Le 11 décembre suivant, ce fut l’âge du kamikaze du siège de l’ONU qui retint l’attention de notre intelligence antiterroriste. Et nous nous étalâmes en analyses psychologiques du terroriste de troisième âge. Sous-estimé et sous-utilisé, comme on le fait pour les seniors dans toutes les professions, ou presque, le vieux baroudeur malade a choisi de tirer sa révérence par un dernier coup d’éclat. C’est le cas de le dire. Ce qui a fait passer en second la question du second terroriste, celui du Conseil constitutionnel, bien plus jeune mais qui a eu l’occasion de s’offrir une seconde carrière grâce au système de recyclage rendu possible par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Mais on en était encore à douter de l’authenticité des kamikazes. Les portières du véhicule étaient soudées avec le conducteur dedans ! On ne sait pas en quoi ça l’obligeait à se faire sauter, et à l’endroit indiqué par le commanditaire ; on ne sait pas non plus si la vitre était soudée, mais cela permettait de maintenir le suspense sur la réalité de la vocation kamikaze de nos terroristes jusqu’ici “soft”. Juste des rafales faucheuses, des massacres à l’épée ou quelques bombes soigneusement déposées sans sacrifice de ressources humaines.
Mais les choses vont vite. Depuis, les kamikazes ont été listés et comptés. Une seule question nous intrigue : que fait cette nana dans cette promotion de desperados ? Tant qu’elles étaient vouées — au maquis aussi — à la cuisine, à la jouissance et à la reproduction, c’était dans la nature des choses. Maintenant qu’elles acceptent de se faire sauter dans des véhicules piégés…
Est-ce, diable, pour nous distraire des questions de fond ?
Mustapha Hammouche