Une dynamique contrariée

En 2008, comme les années précédentes, la question se posera encore de savoir comment installer une dynamique culturelle qui transcende les grands événements circonstanciels. C’est une question qui reste sans réelle réponse tant elle fait tout dépendre de la seule action de l’Etat.

Celui-ci a d’autres priorités qui sont celles de construire des hôpitaux, des établissements scolaires, des autoroutes, plutôt que de se lancer dans l’édification d’un réseau de salles de cinéma ou de spectacles dont la responsabilité devrait revenir aux opérateurs privés. On ne voit plus en effet l’Etat faire marche arrière en rouvrant des galeries commerciales pour y vendre des œufs ou du poisson congelé.

Il est tout aussi hypothétique de le voir, en plein XXIe siècle, s’occuper de vendre des tickets de cinéma dans des salles placées sous sa tutelle. La vocation de l’Etat est d’encadrer la dynamique culturelle par un train de mesures incitatives dans l’ensemble des disciplines liées à des obligations de cahiers des charges.

Il appartient aux initiateurs privés d’investir dans la production culturelle et dans l’émergence des complexes liés aux divertissements et aux loisirs partout où cela est nécessaire et possible, selon des règles de transparence et de fiabilité des investissements. L’Etat mécène tel qu’il existait jusqu’à la fin des années 1980 n’est plus possible dans le contexte des années 2000. Cela ne signifie en aucun cas que la souveraineté sur l’espace culturel soit bradée.

Il faut au contraire consolider cette indispensable souveraineté en ouvrant ce secteur aux Algériens qui ont les moyens et la volonté d’y investir, mais également aux opérateurs étrangers avec lesquels il faut apprendre à travailler. Sinon l’Algérie perdra des occurrences qui se déplaceront vers d’autres pays qui mettent en œuvre des stratégies de captation des ressources du marché culturel.

Il n’est pas compréhensible, pour prendre un exemple simple, que l’Algérie qui dispose de magnifiques paysages, n’attire pas des projets cinématographiques étrangers dans le cadre de coproductions profitables aux talents nationaux. A cet égard aussi, le dogme de l’Etat-providence n’est plus productif hors ses missions inaliénables de prendre en charge la santé et l’éducation des Algériens à travers un réseau d’institutions ancrées dans le quotidien. Importer des films, les produire et les tourner, faire venir des troupes ou des artistes, devrait échoir à des initiateurs privés et compétents dans l’action culturelle.

Les fonds publics devant être consacrés à aider la création des conservatoires et au soutien d’une culture de proximité sous l’impulsion d’associations civiles dont c’est le rôle de faire vivre les cités algériennes au diapason de la pluralité artistique. Aucune dynamique ne pourra produire d’effet si les responsabilités ne sont pas prises en amont et en aval d’une scène culturelle qui ne peut pas indéfiniment survivre au gré des occasions qui se présentent.

Car une fois le rideau tombé sur ces événements ponctuels, la demande se portera inévitablement sur la pérennité de la dynamique culturelle dont nul ne sait de quoi seront faits les lendemains.

Amine Lotfi

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It