Les colonies de la discorde
L’Autorité palestinienne est catégorique : le problème de la colonisation doit être solutionné de manière frontale et dans son ensemble pour espérer aller de l’avant avec le processus de paix, y compris dans le cadre de la croissance naturelle.
A vrai dire, il s’agit d’une question qui empoisonne les relations palestino-israéliennes depuis l’aube du conflit et qui a dévoilé des passions intenses. La rencontre qui doit, en principe, réunir aujourd’hui le président Abbas, au Premier ministre Olmert, et qui s’articulera sûrement autour de cette problématique est censée jeter les bases d’un compromis pour espérer aller de l’avant avec les négociations de part et d’autre.
Un compromis qui urge au plus haut point, si Israël veut sauver la paix après l’annonce de la construction de nouveaux logements dans des colonies de Cisjordanie. Abbas et ses compatriotes ont mis récemment le gouvernement israélien face à ses responsabilités en conditionnant l’arrêt des constructions dans les colonies à la poursuite de l’étude, d’autres questions fondamentales comme le tracé des frontières, le statut d’Al Qods et le retour des réfugiés.
La balle est bel et bien dans le camp de l’Etat hébreu, estiment aujourd’hui le chef de l’Autorité palestinienne et ses collaborateurs qui, en vérité, ne demandent que l’application des clauses de la Feuille de route 2003.
La problématique de la colonisation, serait-on tenté de répéter pour mieux situer les enjeux, est cruciale. Elle a fait capoter à plusieurs reprises les pourparlers palestino-israéliens. Beaucoup de pays arabes n’ont eu de cesse de dénoncer tant aux temps «chauds» du passé qu’aux temps «plus tempérés» du présent les visées d’Israël en la matière. D’ailleurs, la Cour internationale de justice a été, on ne peut plus clair : les colonies situées sur les territoires pris par Israël aux Palestiniens lors de la guerre de 1967 sont illégales.
A coup sûr, les jours qui viendront dévoileront les véritables intentions d’Ehud Olmert quant à ce dossier. D’un autre côté, des pressions effectives de la part des Etats-Unis et d’autres puissances sur Israël seraient vraiment propices et opportunes surtout en cette conjoncture marquée par un enthousiasme jusque-là inégal pour la paix.
Assurément, de nouvelles mesures en faveur d’un «gel total des colonies» seront accueillies favorablement par le peuple palestinien et ses dirigeants. Au lendemain de la conférence d’Annapolis qui a donné le la à une solution négociée, les pourparlers se sont essoufflés tout récemment. Seront-ils remis sur les rails grâce à une position plus objective de la part d’Israël ? Wait and see !
Nadjib Hadded