De l’énergie en général et du gaz en particulier
Réaction forte de Mohamed Benchicou à la chronique d’hier. Il souligne à juste titre que la question de l’antisémitisme représente le piège idéal pour masquer les vrais enjeux de la visite de Sarkozy : profiter des faiblesses politiques actuelles du régime pour nous imposer des relations néo-coloniales autour du gaz et de l’énergie, de la privatisation des banques, des télécommunications et demain des relations de facto avec Israël qui nous imposera le projet d’Union méditerranéenne.
Je croyais l’avoir suffisamment souligné en écrivant que les déclarations de Chérif Abbas et celles de Belkhadem — à souligner plusieurs fois — nous cachaient les vrais enjeux de cette visite par l’utilisation malheureuse ou volontaire d’arguments teintés d’antisémitisme. Les précisions de notre ami, cependant, ne sont pas superfétatoires. Elles ne le sont surtout pas que parmi les thèmes discutés par la délégation française où figure en bonne place «l’insécurité judiciaire», jolie formulation pour dire que les législations de nos pays doivent être taillées sur mesure pour les seuls intérêts des multinationales et de la grande finance internationale.
C’est une autre façon de nous inviter à accepter le statut de néo-colonisés et d’accepter le passage de la domination à l’hégémonie des grandes puissances. Cette question de «l’insécurité judiciaire» figure d’ailleurs en bonne place dans les reproches faits par la presse parisienne à la nouvelle Constitution que veut faire adopter Hugo Chavez. Sarkozy met de l’art et du brio à envelopper ses visées néo-coloniales sans que nous ayons besoin d’ajouter de l’eau à son moulin par l’utilisation des plus mauvais des arguments, par la production du brouillard politique sur les vrais enjeux.
La nature du colonialisme et du néocolonialisme n’est pas religieuse mais économique. «Arrêtons de culpabiliser les Algériens », poursuit Benchicou qui demande à diriger le tir contre les visées néo-coloniales de Sarkozy. Soit, bien sûr, d’accord et contre toutes les visées néo-coloniales européennes et américaines comprises ! Avec quels alliés et avec quels amis à l’extérieur, avec quelles forces antilibérales et anticapitalistes au plan mondial, comme on dit aujourd’hui, quand ces forces luttent aussi contre toutes les formes de racisme : antinoir, antiarabe, antiasiatique et aussi antijuif ?
Avec quelles forces populaires internes quand tout débat ou toute discussion sur la nature et les résultats des options économiques néocoloniales du pouvoir sont étouffés par ceux-là mêmes qui prétendent s’opposer au néo-colonialisme de Sarkozy avec ce type d’arguments ?
S’il était besoin encore de rappeler aux Algériens que l’essentiel est dans les projets politiques et économiques de cette visite et non dans la présence d’Enrico Macias ou dans les origines de Sarkozy, c’est fait ! On pourra dire à nos enfants : on a fait le minimum pour l’indépendance de l’Algérie, reste le respect de tous ces non-musulmans qui ont scarifié leur vie pour cette même indépendance. Il faut bien l’assumer !
MOHAMED BOUHAMIDI
