Le jubilé des prometteurs

Depuis hier, minuit, les distributeurs de promesses que sont les candidats aux élections locales, ont fermé boutique. Il reste deux jours au citoyen pour qu’il sépare le vrai du faux, exercice pas très ardu, le plausible de l’utopique et le bon grain de l’ivraie. Cependant, si ceux qui misent sur une participation massive des électeurs au scrutin n’auront compté sur la sincérité des candidats pour susciter la mobilisation, la partie n’est décidément pas gagnée.

Les leaders de partis ont clos la campagne en réitérant leurs positions déjà martelées tout au long de la campagne, et même bien avant, soustrayant ainsi la dose de piquant qu’était en droit d’attendre le citoyen, légitimement avide, à défaut de nouveau, du moins de variation ou d’actualisation des positions déjà connues.

Ce qu’il faut retenir, c’est que la campagne électorale, passée plutôt en catimini dans les grands centres urbains, aura néanmoins permis de susciter quelque agitation au sein des communes et dans les villages, permettant ainsi de tamiser le débat et même de baliser l’esprit qui doit prévaloir lors du mandat. Parce qu’après tout, la campagne est une affaire de trois semaines seulement, et le mandat dure cinq longues années.

D’ores et déjà, les regards se polarisent sur l’éternel problème des élus qui, une fois en poste, changent radicalement de posture, tournant le dos à leurs promesses de candidats et assumant devant Dieu et ses créatures un déni de parole. Cette grave dérive de la vocation de représentant du peuple, des générations d’élus l’ont arrimée dans les mœurs, jusqu’à en faire la raison première pour postuler à une candidature, le désir de s’enrichir le plus vite possible sur le dos de la communauté étant entre temps passé du sentiment de honte à cacher à celui de fierté à exhiber.

Rares, très rares sont les élus qui ne pensent qu’au bien de la collectivité, qui ne s’adonnent pas aux viles pratiques du népotisme et du passe-droit dans la confection de listes d’attributaires sociaux, de la corruption, du ramassage de pots-de-vin pour l’octroi d’un marché par ci, d’une autorisation douteuse de construire par là, quand ce n’est pas juste pour une fiche d’état civil. Le mandat des élus est à moraliser au plus vite, et il y va de la crédibilité de l’Etat algérien, principal éclaboussé par ces maudites pratiques, même si l’administration n’est en principe pas comptable des errements des élus.

Même si la plupart d’entre eux ont été relaxés, les dizaines d’élus poursuivis en justice ne sont en réalité que la face visible de l’iceberg, dans ce terrain favori des rapaces que sont devenues les assemblées populaires communales. L’image a été ternie par des décennies de rapine et de prévarication, qui ont fini par avoir à l’usure la peau du civisme. Mais il n’est jamais trop tard pour espérer. L’après scrutin a déjà commencé.

Que les futurs élus sachent que l’ère de l’impunité est révolue et qu’une promesse non tenue retournera comme un boomerang non seulement sur le reliquat d’honneur de celui qui l’a donnée, mais aussi sur la crédibilité de tout un Etat qui passerait pour laxiste, à tort ou à raison.

Nadjib Stambouli

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