Survivre

On peut dire ce que l’on veut de la déclaration du Conseil de la révolution, dirige par Houari Boumediène, lorsqu’il prit le pouvoir en juin 1965. Charge aux historiens et politologues de l’analyser.

Elle contient cependant une expression qui mérite l’intérêt pour sa pertinence générale. On y affirmait la volonté d’institutions qui puissent « survivre aux hommes et aux évènements ». Les acteurs du « redressement révolutionnaire », qualifié également de « sursaut », avaient peut-être une inclination pour la philosophie. En effet, sortie de son contexte, l’expression peut s’appliquer à tant d’époques, lieux et sujets.

Pourquoi donc s’en priver, s’agissant de la vie culturelle ? Le Salon du livre a démonté son chapiteau. Nous en avons largement parlé, au moins à la mesure de cet « évènement », le plus important de l’agenda culturel annuel, ce qui est son mérite essentiel, sinon le seul établi.

Pour clore l’épisode, aux allures parfois rocambolesques, une dernière salve avec les tribulations d’un lecteur passionné (lire ci-contre), incisif dans la critique, mais partisan inconditionnel du SILA.

De manière vivante et désopilante, son carnet de bord nous confirme ce que nous pensions. Sans superstition, la prochaine édition, la treizième, sera décisive pour l’avenir de cette rencontre. Rompra-t-elle avec une certaine idéologie de la quantité.

Le nombre de pays, de stands, d’éditeurs, de visiteurs, de dédicaces, de tickets de parkings et de sandwichs vendus, etc. sont des données utiles et respectables. Mais, quasi-biologiquement, le livre appartient à l’univers de la qualité où, pour dix jours, il faut 355 autres de travail régulier.

Aussi, au delà de ses efforts internes, si le SILA doit « survivre », cela dépendra avant tout de la mise en place d’une politique du livre. Elle semble exister désormais (voir A & L du 1er nov.) mais demeure quasi-confidentielle, faute de communication des schémas directeurs de développement culturel adoptés en octobre par le gouvernement.

Comment admettre qu’ils soient encore méconnus de ceux qui les attendaient désespérément (artistes, auteurs, cinéastes, éditeurs, mais aussi citoyens) et se disent qu’ils ne « survivront » pas à leur éventuel avènement ?

Quoiqu’il en soit, ils semblent rompre avec une culture des « évènements », opportunités sporadiques, pareilles à des pluies inattendues en plein Sahara. En attendant, à l’ombre des « évènements « , l’ouverture du Musée de la miniature, soutenue par une promotion miniaturisée, est passée inaperçue.

Voilà pourtant une belle et durable chose, qui elle, peut « survivre ». La culture, c’est ce qui reste… à condition qu’elle dure.

Ameziane Ferhani

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