Entre livre et lecture publique (1)

Le Salon international du livre d’Alger a ouvert ses portes. Plusieurs journalistes et commentateurs le tiennent pour la plus grande manifestation culturelle du pays (plus grande par rapport à quoi ?) et lui accordent un intérêt particulier, reprenant d’année en année les mêmes observations, les mêmes critiques, les mêmes points positifs qui balancent de l’invasion des livres subversifs au prix des ouvrages en passant par l’organisation proprement dite.

Et d’année en année commentateurs, journalistes et observateurs crédités du titre de spécialistes tombent dans le même panneau du fétichisme. Ils parlent du livre comme une valeur en soi, comme l’objet porteur de savoir, de culture, de progrès ou de régression comme si nous avions affaire à un démiurge qui, par sa seule présence, pouvait changer les choses, influencer les gens, modifier le destin. Derrière ce fétichisme du livre se cache, bien sûr, notre propre expérience du livre. Il reste dans notre subconscient le Livre, le Seul, c’est-à-dire le Saint Coran en qui nous trouvons vérité et guérison.

Il est impossible de construire une compréhension de notre rapport aux livres si nous évacuons ou nions la présence de notre culture de base de cette présence. Ensuite, massivement, nous n’avons de livre que notre rapport scolaire. Il est rare que le livre soit présent dans les maisons algériennes en dehors du Livre Saint et des manuels scolaires.

Le livre c’est d’abord l’instrument de connaissance, l’outil de la réussite scolaire, au mieux un roman qu’un prof nous a si fortement recommandé que sa lecture est devenue une sorte de devoir parascolaire. Entre Livre Saint et livre utile, les rapports qui peuvent se construire donnent dans la suggestion.

C’est grâce à ces livres que nous réussissons et c’est parce que ce sont ces livres. Ces livres utiles, les bons livres, les livres bénéfiques face à quoi se construit l’image des livres maléfiques. Tout au long du cursus scolaire, cette image subconsciente se renforce : le censeur est là pour surveiller nos lectures. Va pour Homère, niet pour Sade, niet pour El Nefzaoui.

MOHAMED BOUHAMIDI

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