L’enjeu électoral dévoyé

A ne se fier qu’aux échos émanant de la pré-campagne, l’observateur est enclin à réduire l’échéance qui s’annonce aux seules querelles sur le rejet des candidatures, opposant à ce jour le ministère de l’Intérieur à nombre de partis. Pour se dédouaner de toute accusation de favoritisme, le pouvoir se fait fort de rappeler que les partis les plus touchés par ces mises à l’écart de dossiers de candidats, sont ceux de l’Alliance et ce, tout en arborant fièrement sa non-ingérence dans la justice, puisque cette institution a rétabli dans leurs droits de nombreux candidats ayant déposé des recours.

Ainsi, l’étiquette de parti pris du pouvoir trop souvent, et pas souvent à tort, brandie par les partis quant à la crédibilité des élections, est censée être battue en brèche par une contre-offensive anticipée pour soustraire aux partis le maximum d’arguments (arguties, pour l’autre camp) éclaboussant l’honnêteté du scrutin à venir. A bien regarder, ce zèle à fournir le maximum de garanties de régularité du vote que déploie actuellement le pouvoir, n’est pas tellement destiné à réconforter les formations partantes, mais se voudrait un rempart aussi consistant que possible contre la l’abstentionnisme.

Le traumatisme du taux infinitésimal de participation lors des législatives de mai dernier est toujours vivace dans les esprits, et un sursaut de présence citoyenne face aux urnes serait pour le pouvoir (toujours à la recherche de soin de l’image de marque) un gage non négligeable de crédibilité. Ceci étant, on peut aisément se rendre compte, en s’étalant sur ce genre de considérations que l’observateur est toujours tiré vers ces aspects des élections locales, qui sont en réalité strictement politiciennes, le fonds et la raison d’être de cette importante consultation étant carrément écartés.

Or, le véritable enjeu du 29 novembre n’est pas la primauté de telle force politique sur tel autre, mais le développement local. Ce scrutin devrait déboucher, même si le débat actuel nous éloigne de ce propos, sur la confiance à placer dans des équipes qui vont s’atteler à sortir leur commune de l’enclavement, de l’isolement, du chômage, de la misère, de l’ignorance, des épidémies, de l’absence de logement et de moyens de transport, bref, sortir les localités du sous-développement.

L’enjeu, le vrai, de ces élections, ne saurait être que Zerhouni, Sadi, Tabbou ou autre leader de parti ait gain de cause dans la polémique sur l’aval ou le rejet des dossiers de candidatures, mais bien de convaincre sur la capacité à sortir un argumentaire réalisable pour les promesses électorales, et surtout à les tenir.

Si l’on continue à confiner les prochaines élections locales à la seule dimension de validation ou d’écart des listes de candidatures, et, chemins faisant, à les réduire à leur stricte limite de bataille entre partis et pouvoir d’un côté et de l’autre, de compétition inter-partisane, c’est que l’on a perdu de vue l’essence même de cette échéance.

Si le pouvoir et le parti peuvent mutuellement se pardonner ce dévoiement de la vocation d’un grand rendez-vous électoral, le citoyen électeur, pour sa part, ne pardonne pas. Et pour manifester son courroux quant au mépris de ses préoccupations, reléguées au second plan, il ne régira pas en sortant dans la rue, mais en restant à domicile. Un certain 29 novembre…

Nadjib Stambouli

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