A un harrag récidiviste
La dernière fois que nous nous sommes vus, tu me disais : «Je repartirai…» Tu revenais d’une énième tentative qui a failli être la dernière. J’ai essayé de te sensibiliser pour que tu restes.
Je t’ai montré ton bébé en te disant que tu n’avais pas le droit de l’abandonner… Tu me disais : «Oui, tonton…» Mais, à la fin de chacune de nos rencontres, tu revenais, avec le même air déterminé, au lapidaire : «Je repartirai» !
Je viens de voir ton père : il a les larmes aux yeux. Il se reproche des choses, mais je l’ai rassuré ; ce n’est pas de sa faute. Tu fuis cette Algérie qui t’ignore et te marginalise. Tu m’as dit un jour que tu avais en horreur cette société triste et intolérante.
Trêve de morale !
Vis ta vie et pense à ta famille. Le jour où tu en auras marre, reviens. Tu nous trouveras au même endroit, au bout de la même plage, à garder au chaud cette contrée qui vous manquera tôt ou tard. A cause du soleil ou d’une promesse. Ou peut-être d’une fille… Ou d’une chanson…
farahmaamar@yahoo.fr
«Où qu’il soit, où qu’il aille, l’homme continue à penser avec les mots, avec la syntaxe de son pays.»
Roger Martin du Gard