L’heure du tamisage électoral

Les partis sont en train de vivre leur plus pénible mais aussi la plus exaltante épreuve politique, avec laquelle bases et directions renouent à l’orée de chaque échéance électorale. Il s’agit de la délicate et parfois tumultueuse opération de confection des listes de candidatures.

Même s’ils se gardent soigneusement d’étaler sur la place publique ce genre de luttes fratricides, presque tous les partis sont concernés actuellement par des conflits internes, à commencer par le FLN dont les militants rendent publics les heurts et batailles intestines, habitués qu’ils sont à voir renaître de ses cendres leur parti à chaque fois qu’il est proclamé au bord de l’implosion.

Cette période de tamisage, par delà son objectif final qui est de présenter la liste la plus représentative à un scrutin donné, c’est-à-dire la moins dévalorisante pour le parti, est un moment fort de la vie de toute formation politique en ce qu’il permet de tester les véritables motivations de chaque militant.

C’est un temps de vérité qui sépare le bon grain de l’ivraie, le militant sincèrement engagé pour les idées et la cause partisane de celui qui ne voit en son adhésion qu’un tremplin pour se faire élire, et s’en donner à cœur joie une fois élu. C’est une étape qui peut être mise à profit par les états- majors des partis pour nettoyer leurs cellules de la faune d’opportunistes.

Mais en même temps, la base trouve là l’occasion de vérifier, le plus souvent à ses dépens, la capacité d’ingérence de la direction centrale dans les « affaires démocratiques » par l’imposition d’éléments inféodés au sommet de la hiérarchie. C’est cette pratique de parachutage, donc de mépris du choix de la base, censée être plus proche des préoccupations de la collectivité et des besoins locaux, qui sécrète le plus de houle et de contestation, qui virent aux conflits plus ou moins larvés.

Les turbulences que l’on constate ces jours-ci dans la majorité des partis, du moins ceux qui n’adoptent pas le total embargo sur ce genre de dissensions, et qui jouent plus ou moins la transparence, peuvent être fertilisées en adoptant une attitude positive et ainsi faire de problèmes passagers une opportunité pour se débarrasser de ce qui entache la crédibilité de tel ou tel parti.

En effet, c’est ce dernier volet, la perte de crédibilité par les formations politiques, qui a engendré une sorte d’apolitisme ambiant qui se manifeste par un taux d’abstention plus qu’inquiétant. Cette faiblesse du taux de participation, si elle venait à être rééditée lors du prochain scrutin, ce qui serait particulièrement grave car il s’agit de locales, toujours attractives pour l’accomplissement du devoir civique, n’éclabousse pas tant le pouvoir, qui peut s’accommoder en réalité de n’importe quel taux, mais touche l’image de toute la classe politique, à commencer par les partis. C’est donc à eux de balayer devant leurs portes, en rentabilisant au mieux l’actuel tamisage qui s’opère au sein de leurs troupes.

Nadjib Stambouli

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