Qui grandit l’autre ?
Vous avez tous suivi la campagne pour les élections présidentielles en France ? Allez, allez ne dites pas non ! Alger était vide le soir du débat entre Ségolène et Sarkozy et vide le soir des résultats. Même les ados se sont mis à la politique… française subjugués par le spectacle de la liberté et de la confrontation, le spectacle de la démocratie en œuvre. Vous avez vu ou entendu Dominique Strauss-Kahn critiquer, attaquer, descendre en flammes la politique et quelques aspects de la personnalité de Sarkozy.
N’empêche ! Arrivée, la question du remplacement du DG du FMI Sarkozy, son gouvernement, les structures de l’Etat français appuient leur adversaire socialiste qui ne les ménageait pas la veille. Ils arrivent à en faire le candidat de l’Europe. Mais pour eux, Dominique Strauss-Kahn est avant tout un candidat français et sa réussite est celle de la France, de son prestige et de son audience.
C’est même la victoire personnelle de Sarkozy qui a mis tout son poids dans l’affaire. La France, l’idée de la France existent pour eux. Cela me remet en mémoire une anecdote racontée par un ami et que vous pouvez vérifier si vous en prenez la peine : un haut personnage de l’Etat français informe de Gaulle que le journal Le Monde, son opposant le plus farouche, est en difficulté financière grave et risque de fermer. Il pensait lui faire plaisir en lui annonçant la mort prochaine de son adversaire.
De Gaulle a demandé qu’on aide directement ou indirectement le journal à survivre car il estimait qu’il participait du prestige de la France. Revenez en Algérie et observez : les adversaires de Bouteflika sont tenus pour des pestiférés. C’est à peine si on ne les tient pas pour des anti-nationaux.
Mais l’Algérie n’existe pas en soi. Seul le chef existe et ce pays, l’Algérie, est là par hasard et seulement pour mettre en valeur la grandeur de Bouteflika. Les autres sont pour la grandeur de la France et ils se grandissent à la servir parfois en grandissant leurs opposants.
MOHAMED BOUHAMIDI