La cinquième liberté
A condition que. C’est la réponse favorite des dirigeants algériens à la question d’une quelconque réforme. Etant entendu que les conditions ne sont pas réunies et qu’elles ne le seront pas avant longtemps. Dernier en date du gang des conditionneurs, Mohamed Maghlaoui, ministre des Transports, a parlé d’ouverture de l’espace aérien mais à condition que.
Il ne dit pas quelles sont ces conditions et surtout qui doit les mettre en place. En attendant, le billet pour les pauvres Touareg de Tamanrasset coûte 28 000 DA à partir d’Alger, soit 3 salaires ; le billet d’Alger pour Oran, à 5 heures de route, 18 000 DA. Bien sûr, le monopole de l’Etat sur le transport aérien ne gêne personne, à part les usagers qui payent leurs billets. Surtout, ce discours basé sur d’abstraites conditions permet de ne rien faire et de tout renvoyer au futur, même pas un futur simple mais conditionnel.
Il rappelle aussi d’autres discours, du genre l’ouverture de l’audiovisuel quand les conditions le permettront et des élections transparentes quand les conditions viendront. On ne sait pas qui sont ces conditions, peut-être un groupe d’extraterrestres qui viendrait atterrir sur les toits des ministères pour expliquer que ça y est, les conditions sont arrivées.
Pour toute explication, le ministre des Transports a offert un concept gratuit en déclarant que le transport des passagers d’un pays à un autre dans le même avion constituait la cinquième liberté. A-t-il voulu dire que les 4 premières libertés, dont on ne sait pas vraiment ce que c’est, ne sont, elles-mêmes, pas respectées ?
Personne n’a compris ce que représentait cette 5e liberté dans un pays qui en manque cruellement, mais on a compris en attendant que l’on perd beaucoup de temps et d’argent. Faut-il ouvrir le ciel et changer de ministre des Transports ? D’accord. A condition que. Qu’on en mette un plus rapide.
Chawki Amari