Aucune amélioration

La Banque mondiale vient de publier son rapport annuel 2006 sur le doing business. L’économie algérienne n’est toujours pas attractive et les investissements se font toujours attendre alors même que c’est là que réside en grande partie le ressort du redémarrage économique.
Dans le domaine global du climat des affaires (doing business) l’Algérie est toujours en queue de peloton : elle occupe la 116e place. (Elle était classée 123e en 2005). Dans le domaine de la création d’entreprises, nous sommes à la 120e place, dans celui du droit de propriété à la 152e place, l’accès aux crédits à la 117e place et en matière de charges obligatoires qui pèsent sur l’entreprise à la 169e place. Bref, rien ne bouge, tout est en l’état, et l’économie a mal à ses réformes. Lorsqu’on examine plus en détail le climat des affaires qui caractérise l’économie algérienne, les données sont plus parlantes encore.
En matière de création d’entreprises les lourdeurs bureaucratiques sont toujours là. Pour pouvoir commencer réellement son activité, une entreprise Sarl doit accomplir 14 procédures (6 dans les pays de l’OCDE et 10 dans les pays de la région Mena).

Il faut souligner par ailleurs qu’en matière de coût de création d’une entreprise et de capital minimum requis, l’Algérie est bien classée par rapport aux pays de la région comme l’indique le tableau suivant :

En % du revenu par hab. Algérie Région OCDE
Coût 21,5 74,5 5,3
Capital minimum 46 744,5 36,9

Ainsi, l’investissement en Algérie est moins handicapé par ses coûts que par les procédures bureaucratiques exigées pour le réaliser. Dans le domaine du marché du travail, l’économie algérienne traîne, là aussi, de gros handicaps. Les entreprises font face à de nombreuses difficultés dont quelques-unes ont été évaluées par la Banque mondiale à travers les indices suivants :

Marché du travail

  Algérie Région OCDE
Indice de difficulté d’embauche 44 29,7 27
Indice de rigidité des horaires 60 44,7 45,2
Indice de rigidité de l’emploi 45 35,8 33,3

Comme le montre ce tableau, l’offre de travail qualifié est insuffisante et les entreprises ont de grandes difficultés à recruter la main-d’œuvre dont elles ont besoin. De même, il y a peu de flexibilité en matière d’horaires de travail, le classique 8-12h/13h-17h est quasiment immuable et les travailleurs rechignent à y changer quoi que ce soit. Enfin le marché du travail est rigide. Le contrat à durée déterminée et l’intérim sont très peu pratiqués pour ne pas dire inconnus. En matière d’obtention des titres de propriété, les entreprises se heurtent à de nombreuses et longues procédures comme l’indique le tableau suivant :

Transfert de propriété

  Algérie Région OCDE
Procédures 15 6,6 4,8
Durée (nombre de jours) 51 49 31
Coût % de la valeur de la propriété 7,5 6,9 4,3

Dans le domaine de l’accès au crédit et sur une échelle de 0 à 10 (avec 10 indiquant le meilleur accès), la situation est bien mauvaise.

Accès au crédit

  Algérie Région OCDE
Droits des débiteurs et créanciers 3 4 6,5
Informations sur le crédit 2 2,4 5

Les banques algériennes, comme nous le savons déjà depuis bien longtemps, ne sont pas performantes : elles sont difficiles d’accès et manquent de plus en plus de crédibilité. Dans le domaine fiscal, l’entreprise algérienne subit une pression fiscale (taux d’imposition globale en pourcentage des bénéfices) élevée comme le montre le tableau suivant :

Fiscalité d’entreprise

  Algérie Région OCDE
L’impôt sur les bénéfices (% des profits) 9,9 16,7 20,7
Impôts et charges sociales 29,6 18,7 23,7
Autres taxes (% des profits) 36,9 5,5 3,5
Taux d’imposition globale 76,4 40,8 47,8

Le taux trop élevé de la pression fiscale qui pèse sur les entreprises explique pour une large part l’ampleur de la fraude fiscale et l’importance de l’informatisation de l’économie algérienne. Il décourage aussi bien évidemment les investissements à retour long, qui ne sont pas rentables rapidement, c’est-à-dire les investissements productifs. Un autre indicateur significatif pour l’économie algérienne concerne le commerce extérieur. Aussi bien dans le domaine des exportations que dans celui des importations (nécessaires pour le fonctionnement de notre économie car notre appareil de production est un appareil contraint, c’est-à-dire dépendant des importations), l’Algérie souffre de handicaps sérieux.
Le tableau qui suit confirme cette observation

Commerce extérieur

  Algérie Région OCDE
Nombre de doc. pour

l’exportation

9 7 4
Durée pour l’export

(en jours)

15 27 10
Coût à l’export

(en $ par conteneur)

1.886 1.183 883
Doc. pour l’importation 9 10 5
Durée pour l’imp. 22 35 12
Coût à l’import. 1606 924 811

La gestion des contrats est en Algérie bien lourde. Le traitement d’un litige est complexe et le nombre de procédures nécessaires entre le dépôt de la plainte et le règlement du créancier, le coût et la durée du traitement du dossier est défavorable à l’Algérie.

Exécution des contrats

  Algérie Région OCDE
Nombre de procédures 49 41 22
Durée (jours) 397 606 351
Coûts (% de la dette à recouvrer) 10 17 11

Enfin, et pour terminer cette présentation du climat des affaires qui caractérise l’économie algérienne, la Banque mondiale a analysé la situation qui naît de la fermeture d’entreprise et notamment ses conséquences, sur les créanciers de cette entreprise. Le créancier attend bien longtemps avant de recevoir moins que la moitié de son dû.

Fermeture d’entreprise

  Algérie Région OCDE
Durée (année) 2,5 3,1 1,4
Coût (% de la propriété) des frais de recouvrement 7 12,1 7
Taux de recouvrement 41 25,7 74

Ce tableau montre bien qu’une entreprise en difficulté met en péril l’ensemble de ses créanciers. Il explique de ce fait pourquoi les relations commerciales qui se nouent en Algérie restent empreintes d’absence de confiance entre partenaires et d’un climat de risque élevé.

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