Coopération et communication

Le ministre de l’Énergie déplore, dans un entretien au quotidien El Pais, que l’Espagne fasse montre d’une certaine discrimination à l’encontre du gaz algérien.

Il y a quelques jours, à la faveur de la visite du roi d’Espagne, il était question, dans la presse nationale, de pression gazière sur l’Espagne pour lui faire entendre la position algérienne sur certains dossiers diplomatiques. Profanes de la géopolitique énergétique, nous avions pensé que le royaume ibérique, captif de ses approvisionnements algériens en gaz, était contraint de considérer nos intérêts politiques pour la raison qu’il dépend de nos fournitures énergétiques.

Le discours officiel nous a fait insidieusement sentir que le gaz était une arme diplomatique. Le message était particulièrement amplifié à l’occasion du séjour du roi d’Espagne dans notre pays, séjour qui justement succédait à l’expression d’une position inamicale du gouvernement socialiste espagnol. Il ne nous restait qu’à nous réjouir d’un tel atout diplomatique providentiel et nous désoler pour la dépendance de nos partenaires. Mais, apparemment, et si l’on s’en tient à la révolte de Chakib Khelil, le gaz n’est finalement plus un argument de politique internationale.

En l’état de notre économie qui peut se plaindre de tout sauf des conditions du marché des hydrocarbures, le pays a plutôt un problème de valorisation des fonds engrangés par l’exportation du gaz et du pétrole. Il fait même de ses recettes pétrolières un argument de bonne gestion. Un surplus d’exportation d’énergie ne devrait peut-être pas constituer une inquiétante préoccupation. Il est difficile de comprendre, sur un plan commercial, que le pays exprime quelque souci devant un relatif verrouillage d’un marché national.

Il y a comme une désillusion à constater qu’il y a quelque difficulté à vendre, comme marchandise, un gaz qui devait constituer un moyen de forcer l’attention de nos partenaires à nos intérêts politiques. Et si de plus, la diplomatie n’est pas clairement conçue, elle ne peut être aisément énoncée et encore moins distinctement perçue.

La diplomatie des ressources naturelles a vraisemblablement vécu. Le cafouillage autour de l’idée d’Opep du gaz montre bien que le gaz est intervenu en catastrophe dans les relations algéro-espagnoles, après que le constat d’échec de la diplomatie proprement dite eut été établi.

Il se peut, tout de même, que la question qui irrite le ministre de l’Énergie soit d’ordre strictement commercial. Mais que la Sonatrach soit le seul fournisseur d’énergie, parmi la quarantaine qui opère en Espagne, à voir son offre plafonner ne nous impose-t-il pas de nous interroger sur nos capacités de négociation ? Les accords préalables avec les autorités espagnoles et Gas Natural n’ont probablement pas intégré la nouvelle stratégie mondialiste de la Sonatrach.

Pour pouvoir s’en remettre à l’opinion publique à propos de conduites inamicales de pays partenaires, il eut fallu que cette opinion ait préalablement été associée, par la transparence des démarches diplomatiques et commerciales, aux actes de coopération internationale du pays. Sinon comment pourrait-elle juger des responsabilités dans l’impasse ?

Mustapha Hammouche

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