La patate, à la Bourse !
Qui vous a dit que le gouvernement dort ? Vous devez savoir, définitivement, qu’il dort, c’est vrai, mais comme un chat. Il a toujours un œil ouvert, une souris peut passer, on ne sait jamais.
La preuve : il nous annonce l’importation de patates, je ne sais plus de quel pays. L’Algérie maintient les cours du blé à un haut niveau avec ses importations. Elle vient de faire bondir les cours du lait en poudre avec ses commandes en catastrophe. Elle vient de créer la surprise par sa recherche éperdue de patates. Les prix vont grimper, c’est sûr. Les agronomes, les courtiers, les exportateurs, les grossistes ne vont pas en revenir. Il existe un pays qui ne sait produire la patate. Mais oui, patate ! C’est l’Algérie et nous avons des pétrodollars à ne savoir qu’en faire, des pétrodollars à jeter par les fenêtres. Et si la FAO n’est pas contente, c’est la même chose ! Nous sommes suffisamment riches pour ne pas avoir à travailler, à nous casser la tête à faire des calculs, des plans de cultures, à prévoir tout un tas de choses inutiles comme les engrais, les semences, l’irrigation, etc., moi je suis d’accord avec ce raisonnement. C’est moins cher d’importer. Alors importons ! Nous gagnerons au moins une chose : le gouvernement supprimera tous les fonds de soutien à l’agriculture, la CNMA et la Générale des concessions agricoles avec. Il va virer directement à tous les pontes du pouvoir les montants qu’ils auraient détournés avec ces fonds. Comme cela, nous nous serons débarrassés de la corruption. Avouez que c’est un gros problème de réglé. Et vous dites que le gouvernement ne fait rien ! Importons ! Grâce à nous, la pomme de terre va devenir un produit boursier. Nous aurons réussi à changer quelque chose dans le commerce mondial et nous aurons enfin l’atout décisif pour entrer dans l’OMC : avec un exploit pareil, on peut tout demander, réclamer, exiger ! On ne va plus accepter de répondre à des exigences ridicules ! On importe tout. On n’exporte presque rien en dehors du pétrole qui n’est pas concerné par l’OMC. Et on vient de leur prouver que nous ne sommes pas un pays qui laisse indifférent. Nous sommes les vedettes du marché du blé, du lait et même de la patate ! Ce n’est pas rien, vous le savez !
