La valse des milliards

D’un côté, les prix des fruits et légumes flambent. De l’autre, les Emiratis arrivent avec des dizaines de milliards de dollars pour investir dans les services, le bâtiment de luxe et la gestion de nos ports. Cet intérêt émirati cache mal l’échec structurel à relancer l’économie. A terme, les Emiratis transféreront plus d’argent qu’ils n’auront investi dans le pays nous laissant au passage les salaires des employés et quelques recettes fiscales. Cela peut-il suffire à entretenir l’Etat, ses forces de sécurité, un système de santé publique et d’enseignement ? Peut-être, mais pas sûr.
Le problème ne se pose pas pour nous, l’argent du pétrole pourvoyant à tous les besoins. Une fois ces investissements réalisés, serons-nous capables de produire de la patate, du lait, du blé en plus grande quantité et de meilleure qualité ? Pas du tout, bien sûr ! Avec les Emratis, nous aurons le plaisir du luxe et du superflu. Nous pourrons alors nous passer du nécessaire. A l’extraversion de notre économie actuelle, nous ajouterons plus d’extraversion. Nous aurons perdu définitivement le vieux savoir de nos paysans en matière de choix et de conservation des semences, nous n’aurons pas appris à produire plus de lait, le blé manquera toujours dans nos silos. Il s’agit pourtant bien de cela quand le pouvoir parle de préparer l’après-pétrole. Sinon, qu’est-ce l’après-pétrole sinon arriver à produire des richesses capables de couvrir nos besoins ? Les Emiratis, nous en sommes la preuve vivante, ont déjà réussi leur «après-pétrole» puisqu’ils produisent des richesses nouvelles à partir de leurs nouveaux savoirs. Et en nous adressant au savoir des autres nous renonçons à développer les nôtres. Mieux, nous les avons perdus et continuons à perdre le peu qui nous reste. Trouvez une seule entreprise capable de construire les universités de Bab-Ezzouar ou de Constantine. Cherchez des paysans capables de sélectionner des semences, etc. Une fois de plus, nous prendrons l’ombre pour la proie et la manœuvre financière pour de la stratégie.

MOHAMED BOUHAMIDI

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