Le gré du gré

Le dernier rapport de l’Association de lutte contre la corruption (AACC) n’a surpris personne, à part peut-être les mères des gouvernants, convaincues que leurs fils sont de bons fils de famille. La corruption touche tous les secteurs, ministères et administrations publiques, en haut et en bas de la hiérarchie, et a considérablement augmenté depuis qu’il y a 50 milliards de dollars à se partager. Il ne sert à rien de redire qu’on ne lutte pas contre la corruption avec des slogans ou avec le même personnel politique, pas plus qu’il ne sert de souligner que les corrompus sont pour la plupart des hommes nommés par les décideurs, à l’image du dernier cas suspecté de corruption, Amar Saâdani ; les enfants le savent, il suffit de placer des gens honnêtes pour avoir des administrations honnêtes. Par contre, il est utile de rappeler que l’essentiel de l’argent de la corruption passe par le recours au gré à gré, cette méthode opaque de transfert de fonds où deux personnes, généralement bien portantes, s’entendent sur le dos des contribuables pour passer un marché réglementaire, où la seule règle est de gagner le plus d’argent. La règle du gré à gré est pourtant très précise, elle ne s’applique que dans des cas précis, par exemple quand l’appel d’offres s’est retrouvé infructueux. L’exception formant la règle en Algérie, on comprend pourquoi les marchés publics sont truqués, avec des cartes truquées obtenues de gré à gré, comment de simples fonctionnaires possèdent 4 villas et des chauffeurs de wali 12 appartements. Le gré est un usage courant qui va très vite, le gré se fait de gré ou de force, le gré est au clientélisme ce que la pile est à la télécommande, le gré a de beaux jours devant lui. Dans l’attente d’une lutte sincère contre la corruption, veuillez agréer messieurs les responsables nos sentiments d’insatisfaction les moins respectueux.

Chawki Amari

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