QU’EST-CE QUE VOUS ATTENDEZ ?
Festival du théâtre amateur de Mostaganem. Exceptionnellement, cette année, la manifestation a été prolongée de deux journées.
Commedia dell’arte
Sachant que la justice a l’auto-saisine facile, qu’elle dégaine rapidement lorsqu’il s’agit de l’image du président qui est écornée par les méchants journalistes, je me serais attendu, dans la même veine de “dégainage” rapide, à ce qu’elle s’autosaisisse dans l’affaire du fils de Ali Benhadj. Les motifs seraient dans le cas présent un peu plus costauds, un peu plus crédibles que lorsque les juges font défiler des caricaturistes et des pamphlétaires dans leurs bureaux. Les faits : Ali Benhadj, dans un moment d’inattention paternelle coupable, perd des yeux son fils. Visiblement affecté, Benhadj convoque des micros et des oreilles amis pour leur annoncer sur un ton solennel et péremptoire : «Mon fils a été enlevé par les forces de sécurité algériennes !» Quelques semaines après cette annonce qui se voulait fracassante, des documents vidéo montrent le fils Benhadj, en tenue GSPC, armé et souriant au milieu d’autres tangos dans un maquis du centre du pays. Le doc est d’une qualité quasi irréprochable. La caméra utilisée devait être de très bonne qualité. Aucun doute quant à l’identité du «chérubin» filmé. Depuis, le ministre de l’Intérieur, preuves à l’appui, a confirmé sans hésitation aucune que le fils de Ali Benhadj fait bien partie du groupe de terroristes encerclé par l’ANP à Yakouren. Voilà donc pour les faits. Le sort de ce jeune homme n’est plus du ressort des spéculations de salons algérois. Il dépendra de l’opération militaire en cours. Une opération qui devrait aller jusqu’à son terme, toujours selon Zerhouni qui a ajouté : «Elle ne s’arrêtera que lorsque la zone sera entièrement nettoyée.» On peut donc considérer que cet aspect de la question est réglé. Reste l’offense, la calomnie, la dénonciation calomnieuse, la diffamation et l’outrage. Des délits répertoriés et punis par la loi algérienne. Le père Benhadj, éploré ou pas, a nommément accusé les forces de sécurité algériennes d’avoir enlevé et fait disparaître son fils. Il n’a pas fait une chronique d’humour là-dessus. Il n’a pas fait de caricature dans un journal. Non ! Il a le plus officiellement qui soit accusé l’ANP d’avoir enlevé son fils, le citoyen Abdelkahar Benhadj. C’est un délit. Pour beaucoup, beaucoup moins que ça, des journalistes ont été condamnés à de la prison ferme. D’où cette simple question : qu’attend la justice pour s’autosaisir ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Hakim Laâlam