Démocratie.com

On se souvient que les “primaires” du Parti socialiste français avaient passionné les téléspectateurs jusqu’en Algérie. La formule n’était pas étrangère à l’engouement des Algériens pour l’élection présidentielle, puis législatives, en France. Elle n’était peut-être pas étrangère à l’abstention qui a marqué le renouvellement de notre APN.
Au moment où des chaînes de télévision, depuis longtemps familières, nous retransmettaient un exemple d’exercice démocratique direct, les candidats choisis pour une élection nationale sans incertitude de notre APN nationale débitaient, par “têtes de liste” interposées, des creux monologues préenregistrés.
Au temps de la communication en temps réel, la démocratie se devait d’évoluer. La télévision n’a pas perdu son pouvoir de propagation, mais les candidats avaient saisi le besoin de se mettre à portée des interrogations directes de l’électeur. L’efficacité des débats dits de “démocratie participative” expérimentés par Ségolène Royal en atteste ; le succès des sites Internet des candidats confirme la réalité de cette nouvelle demande : l’électeur exige que lui soit conférée la possibilité de juger directement des intentions du candidat.
Il n’est pas exclu, avec l’évolution des possibilités technologiques, que s’exprime la demande des citoyens de pouvoir interpeller leurs dirigeants en temps réel sur les sujets qui les préoccupent individuellement.
Sans intermédiation de conseillers, d’“analystes” et d’“observateurs”. La démocratie n’est peut-être que la recherche du bonheur de l’individu dans des sociétés astreintes à l’organisation collective. Et l’histoire des États semble n’être qu’une suite de péripéties qui mettent aux prises la contradiction de la liberté de l’individu avec la contrainte du groupe structuré.
Ce type de débats, quelque peu débridés et de plus en plus dispersés, est exalté comme progrès démocratique en ce qu’il mette le citoyen de base avec le prétendant aux plus hautes responsabilités. Mais comme démocratie “du détail”, il dispense les candidats de projets de synthèse. Pas besoin de trancher des questions fondamentales dans un programme ainsi “émietté”, si bien qu’on ne sait plus très bien si, par exemple, Sarkozy veut vraiment arrêter l’élargissement de l’Europe avant qu’elle n’atteigne la Turquie et si, finalement, elle aura ou non sa Constitution. Sans compter le flou volontairement entretenu sur d’autres thèmes.
Le spectaculaire débat entre les candidats à la candidature du Parti démocrate pour la présidence des États-Unis en 2008, organisé par CNN et You Tube, illustre ce raccourci démocratique rendu possible notamment par Internet.
Le progrès ainsi réalisé est cependant contrarié par la difficulté matérielle d’un débat national en direct. Contraints de filtrer l’échange, les organisateurs récupèrent en partie le pouvoir d’orienter le débat qui semble échapper au candidat comme à son électeur potentiel. Les questions, si elles ne sont plus conçues par des “spécialistes” corsetés mais par des Madame ou Monsieur Tout-le-monde, subissent l’inconvénient de l’entonnoir virtuel.
Mais si les effets d’une telle évolution sur la qualité du débat restent en débat, le progrès en termes de participation est saisissant. À nous, il nous permet au moins de sonder notre retard démocratique.

Mustapha Hammouche

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