BOB LALL’MANI !
«Le sort de l’Algérie indépendante s’est joué entre Ifri et Evian.»
Et depuis, on boit la tasse !
Il y a comme ça, des sujets qui surgissent sur le devant de la scène sans que l’on sache vraiment pourquoi et comment. Prenez par exemple le secteur de l’éducation nationale. Mais où c’est qu’ils sont allés nous dénicher cet intérêt soudain, fulgurant, intense, profond, volcanique, brûlant, passionné et torride pour la langue allemande ?
C’est dans tous les journaux qui se respectent, et même dans ceux qui ne se respectent pas. Vous lirez en arabe et en français la volonté farouche de Benbouzid de faire de l’enseignement de l’allemand une priorité, son envie de promouvoir cette langue dans la moindre de nos petites écoles et son objectif de doter chaque wilaya d’un quota conséquent d’enseignants d’allemand.
J’ai tenté de voir dans les pages économiques et politiques s’il y avait une actualité particulière avec l’Allemagne, si la chancelière allemande était dans nos murs ou alors si des jumelages entre des villes algériennes et allemandes étaient en cours, rien ! En théorie, y a franchement rien qui justifie l’amour brutal de Benbouzid pour la langue de Goethe.
Si l’on excepte bien évidemment un petit séminaire de profs d’allemand qui se tient en ce moment à Alger, lequel, en temps normal, aurait vachement peiné à trouver sa place en dernière page des quotidiens, entre le résultat de l’ASO Chlef contre le club égyptien d’ENPPI et un avis de décès déposé tardivement par une famille éplorée.
Pourtant, curieusement, par des truchements indécodables, sans que le sort de l’éducation nationale et de l’école algérienne n’en dépende vraiment, l’enseignement de la langue allemande s’est imposé à nous ces dernières heures. Y a toujours pas de tableaux dignes de ce nom dans les écoles. Profs et élèves en sont encore à avaler les poussières de craie.
Les classes sont glaciales en hiver et surchauffées en été. Une bibliothèque par établissement, ça reste un rêve fou. La pratique du sport, un rêve encore plus fou. Mais maâlich ! Place à l’allemand ! En attendant bien évidemment la semaine prochaine et la 3678e réforme de l’enseignement des langues dans les écoles et lycées.
Nous y découvrirons peut-être que l’enseignement du finnois constituera désormais une priorité pour Si Boubekeur. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Hakim Laâlam