Aux premières rides…

En prenant les rides de ses quarante-cinq ans, notre indépendance a perdu beaucoup de son innocence. Un lecteur me le rappelle en reprenant cette phrase de Salazar (je crois qu’elle est de Salazar, le dictateur portugais.

Vérifiez, il faut toujours vérifier). Le lecteur la reprend dans un sens positif pour dire que la balle ne doit pas toujours être renvoyée dans le camp du pouvoir mais que les citoyens de base doivent aussi faire leur examen de conscience, le bilan de ce qu’ils ont fait pour le pays. Et ils peuvent faire beaucoup.

Et c’est faire beaucoup que de donner simplement une bonne éducation aux enfants ; leur transmettre des valeurs qui leur permettront de résister aux sirènes de la corruption et de l’argent facile ; d’aimer le pays et de ne pas le confondre avec l’Etat ; de se souvenir de son histoire réelle autrement plus compliquée que celle que disent les manuels scolaires ; d’apprendre que si ce pays a eu son Bocchus et son Juba II, il a surtout eu ses Syphax et ses Massinissa, ses Emir Abdelkader, ses Mokrani et ses Cheikh Ahhadad.

Il suffit de dire cette vieille histoire de la résistance acharnée, permanente, multiforme de ce vieux pays pour comprendre que la résistance, c’est aussi envoyer ses enfants au théâtre, au conservatoire, leur faire écouter la musique andalouse ou le chaâbi (le raï et le gnaoui, ils y vont tout seuls) de leur faire lire nos écrivains et nos poètes.

Bref, résister c’est inculquer une culture, un socle, une base qu’aucun vent ne viendra ébranler et qui fait que le pays demeure, que le peuple demeure quelles que soient les ombres qui animent la scène et qui se prennent pour les acteurs de l’Histoire.

Évidemment, c’est mieux d’animer des syndicats, de vrais syndicats et de vrais partis ; c’est mieux de se battre en toute conscience pour ses intérêts sociaux et pour la nation ; c’est mieux de laisser plus riche à nos enfants ce pays qu’ils «nous ont prêté»… Mais à défaut du mieux, faisons au moins ce qui est bien.

Ce lecteur a raison et en même temps nous n’avons pas le gouvernement que nous méritons mais le gouvernement que les circonstances de la guerre, de la fin de la guerre et leurs bouleversements sociaux nous ont imposé.

MOHAMED BOUHAMIDI

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