Vie publique, vie sociale

Grâce à la presse, nous savons que les dirigeants de parti s’emploient de préparer leurs élections. Grâce à la presse, on sait aussi que, parallèlement à l’agitation organique, la société s’occupe. Grâce à la presse, on se rappelle parfois qu’il se passe une “Alger, capitale de la culture arabe”, on ne sait pas où exactement ni quand. Comme pour le principe d’Heisenberg, la population n’arrive pas à “connaître sa vitesse et sa position en même temps”.

Le détachement populaire n’a jamais empêché l’activité officielle. Au demeurant, même de dire ce qui se passe est une activité officielle. La télévision unique est une institution. Partie prenante du système de pouvoir, elle distille l’état du pays à qui veut l’écouter. La presse écrite, y compris dans sa partie privée, complète l’œuvre de discours unique en respectant l’échelle de “rubriquage” unique : les manifestations officielles d’abord, l’activité politique ensuite, le reste enfin.

Même ce qui ne se fait pas peut faire thème : que d’ouvertures sur la paix revenue, la relance économique, l’afflux des IDE, le million de logements, le métro d’Alger, etc.

Le sujet de la révision constitutionnelle, à lui seul, constitue depuis bientôt deux ans un interminable feuilleton politique, une vraie rente médiatique. On en arrive à oublier de penser au contenu de la fictive réforme ; sa révision devient un enjeu “pour soi”.
Le pouvoir et le monde politique doivent bien vivre de quelque chose, quitte à forcer la main à une population qui, de son côté, vit d’autre chose : les intempéries ici, les émeutes là, la menace et le racket terroristes là-bas, les conflits sociaux ailleurs et les difficultés de la vie quotidienne partout.

Les Algériens viennent de vivre un moment politique à voir des ministres et des notables passer à la barre comme témoins, mais c’est toujours ça. C’est toujours ça, mais la conviction de ne jamais voir le point transformé les renvoie à la réalité de notre système : les audiences du procès Khalifa, ce ne pouvait être qu’une “récréation” surveillée.

Les interventions médiatisées de quelques responsables d’appareils politiques font rarement cas des interrogations de la société. Les quelques digressions politiques de leurs discours cachent mal le réel enjeu de l’échéance : la simple restructuration humaine d’une Assemblée nationale formatée en fonction des futurs besoins du pouvoir et la répartition des privilèges liés à l’activité législative.

La préparation des élections législatives se résume à des opérations, dans des empoignades plus ou moins discrètes, de confection des listes de candidatures. Il n’y a qu’à observer le nomadisme des candidats à la candidature pour constater qu’on est loin de l’engagement de conviction. Entre deux mandats, un chassé-croisé qui ferait pâlir de jalousie le mercato du football fait passer d’anciens députés d’un parti à un autre, en fonction des chances d’élection ou de réélection que procure chaque parti à nos professionnels des mandats électoraux.

En dépit de l’apathie populaire pour cet activisme, la presse fait ce qu’elle peut pour trouver quelque rapport à ces deux vies parallèles de la communauté politique et de la société.

Mustapha Hammouche

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