Le mea culpa

Au-delà de leur contenu, ce qui alarme le plus dans les revirements économiques opérés ces derniers temps par l’Exécutif, c’est leur caractère unilatéral et brutal : aucune explication publique ne les a accompagnés et nul débat de fond n’a été initié afin que soient compris leurs tenants et aboutissants.

Il faut faire l’effort de décrypter quelques propos de responsables en veillant à les expurger de leurs relents patriotiques ou parcourir les rares communiqués – laconiques – du gouvernement pour deviner que l’étatisation revient en force.

Les entreprises publiques seront rattachées, comme lors des décennies 1970 et 1980 aux différents ministères et la privatisation tous azimuts ne semble plus être à l’ordre du jour. D’ores et déjà, 220 sociétés ont été retirées de la liste des entreprises privatisables.

Enfin, un coup de frein a été donné aux facilités accordées aux investisseurs étrangers. Cette marche arrière est-elle opportune et nécessaire ? Sa finalité est-elle purement économique ou bien obéit-elle à des considérations politiques liées à la reprise de contrôle des affaires gouvernementales par Ahmed Ouyahia, nouveau chef du gouvernement qui a, sur ce plan, sa propre « philosophie » ?

Apparemment, il est bien pénible pour les autorités, à quelques mois de l’élection présidentielle et à l’heure du bilan général d’une décennie, d’avouer avoir fait fausse route sur des questions essentielles, d’autant qu’elles traînent la grosse casserole du ratage de la loi sur les hydrocarbures.

Comment reconnaître l’échec de décisions toujours présentées comme « pertinentes » et allant « naturellement » dans le sens de l’intérêt national ? A force de se présenter comme infaillible, le pouvoir a fini par vivre dans une bulle, loin des dures réalités nationales, et lorsqu’il en prend conscience, c’est souvent trop tard.

Ainsi, des milliards de dollars ont été transférés par un grand nombre d’entreprises étrangères sans contrepartie réelle sur le développement national. Des sociétés internationales se sont accaparé à vil prix de plusieurs entreprises publiques privatisées soit par des gestes politiques soit par insuffisance d’expertise.

Ces entreprises publiques rapportent à leurs nouveaux propriétaires étrangers de gros bénéfices dont on s’aperçoit aujourd’hui seulement qu’ils auraient dû être taxés. Entre les bons et les mauvais investisseurs extérieurs, le choix n’a pas été judicieux. Il y a eu, dès le début de la décennie 2000, porte ouverte aux spéculateurs de tous bords qui ont fini par donner le coup de grâce au secteur privé national, lequel n’a jamais bénéficié de l’attention voulue. Ce n’est qu’aujourd’hui que le chef du gouvernement découvre ses vertus. Redresser la barre pour le pouvoir a un coût politique et économique.

D’abord en faisant son mea culpa. Il ne doit pas être vu nécessairement comme dévalorisant. Il peut même faire naître l’adhésion des forces politiques et sociales s’il est réellement désintéressé. En tout cas, il n’y a pas d’autre choix car il y a montée des périls : d’un côté, le marché pétrolier mondial amorce un reflux annonciateur de difficultés financières pour le Trésor public fortement sollicité par les dépenses d’équipement, de consommation et les transferts de devises à l’étranger ; de l’autre, une demande sociale interne, énorme et incompressible qui s’exprime, y compris par le recours à la rue.

Ali Bahmane

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