L’économie re-politisée

C’est avec une mine satisfaite que le secrétaire général de l’UGTA a porté la bonne nouvelle à Tizi Ouzou : les trois entreprises de la zone industrielle comptent “parmi les quelque 220 entités publiques que le gouvernement a renoncé à céder”. Sidi-Saïd précise tout de même que pour la survie de l’une des trois, l’Eniem à titre d’exemple, il faudrait apurer une dette jamais remboursée à la banque de quinze milliards de dinars.

En d’autres termes, il va falloir encore financer les créances et les déficits cumulés par le Trésor. C’est-à-dire avec l’argent du pétrole. L’argument de la sauvegarde de l’emploi n’est pas à rejeter par principe. Mais il faudrait admettre le principe de l’usage social de la rente pétrolière. Toute politique est défendable, à condition qu’elle porte son nom.

Le patron du “syndicat officiel” sait bien que c’est la cote du baril qui autorise la réorientation de politique de gestion des capitaux marchands de l’État et le reconnaît en déclarant que la renonciation à la privatisation d’un grand nombre d’entreprises est porteuse de grands risques, parce que, “aujourd’hui, le baril de pétrole est à moins de cent dollars ; alors si nous restons dans cette optique du pétrole comme seule rente, nous risquons de passer à côté et nous le regretterons et notre vie de travailleurs deviendra aléatoire”.

C’est donc clairement un sursis qui durera ce que durera la hausse du prix des hydrocarbures.
Il y a quelques jours, le président de la République demandait que le programme quinquennal 2009-2014 (cinq ou six ans ?) “prenne en charge la réalisation d’un réseau de marchés de distribution d’envergure nationale, régionale, locale et même de proximité”.

Le projet n’est pas sans rappeler les structures publiques succursalistes d’une distribution administrée : Ofla, Souk El-Fellah, Galeries algériennes… L’extension du soutien des prix à de nouveaux produits de consommation complète cette démarche de reconstitution de système dissous, du moins en ce qui concerne l’organisation de l’économie.

Le prix du pétrole connaît une tendance à la baisse à peine contenue par la cascade d’ouragans sur le golfe du Mexique. Qu’elle soit le fait de l’indiscipline de l’Arabie Saoudite ou des agissements de spéculateurs, il y a de fortes chances qu’elle se poursuive.

Le jubilé de l’économie centralisée, avec ses intonations patriotardes sur la préservation de l’outil national de production, la souveraineté économique et la préservation de l’emploi, vivra le temps du printemps pétrolier.

Nous assistons subitement à une guerre des ministères qui se disputent la tutelle d’entreprises longtemps abandonnées à des conseils d’administration sans pouvoir dépolitiser la faillite économique. Il y a de la rente qui va couler, grâce à — ou sous prétexte de — une réorientation souverainiste, planificatrice et sociale de l’économie. Elle est remise sous tutelle politique !

Comble du paradoxe, pour protéger l’économie, en s’assurer le pouvoir d’orientation du développement et le contrôle des transferts financiers, on adopte une politique économique et sociale entièrement dépendante des capacités de financement du Trésor, c’est-à-dire du marché des hydrocarbures.
Nous voici revenus aux années 1970. Les années 1980 et suivantes viendront. À nouveau.

Mustapha Hammouche

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