La décantation

Bouteflika inscrit sa démarche dans la durée et fait des projections programmatiques au-delà de 2009 puisqu’il a défini les grandes lignes de son prochain programme quinquennal qui couvre la période allant de 2009 à 2014. Si certains ne manqueront pas de conclure à une annonce en filigrane de sa candidature pour un troisième mandat, il n’en demeure pas moins que tout chef d’Etat est tenu de se comporter comme tel et, de ce fait, tracer sa politique et son action sur le long terme sans prendre en considération les échéances électorales et les limites des mandats.

S’il est évident qu’au moins deux partis de la coalition présidentielle ne cachent pas leur souhait de voir le président de la République appeler à une révision de la Constitution et à briguer un troisième mandat, il n’en demeure pas moins que Bouteflika est à la tête d’un Etat qui ne peut se limiter à des projections limitées dans le temps et à court terme. C’est à ce titre qu’il s’adresse au ministre des Finances non pas d’individu à individu mais d’institution à institution.

Il est vrai aussi que le président de la République a lancé un programme ambitieux, notamment depuis son second mandat, mais semble manquer de temps pour le parachever et réaliser ses objectifs, surtout au plan économique : la relance et la croissance. Ainsi, l’éventualité d’un troisième mandat pourrait être envisagée par le président de la République en respectant les formes constitutionnelles et en proposant le futur programme quinquennal au choix populaire.

Cette éventualité est d’autant plus possible que Bouteflika a dû revoir certaines de ses options économiques, comme la loi sur les hydrocarbures, revues dans le sens qui préserve l’intérêt national, ainsi que les dispositions relatives aux investissements étrangers et le processus de privatisation qui ne semblent pas aller dans le bon sens, dans la mesure où ils n’ont pas permis une réelle reprise en main des entreprises privatisées, encore moins une création d’emplois et de richesses comme prévu.

Les observateurs ont constaté un retour en force de l’Etat qui demeure, depuis 1999, le premier investisseur dans les secteurs lourds comme l’industrie, les infrastructures de base, les hydrocarbures, etc. La réorientation de la politique économique sous ce second mandat vise a étendre et à réaffirmer plus de souveraineté sur les ressources naturelles et sur le potentiel industriel national dans un contexte où le libéralisme débridé décline après avoir fait des ravages dans certaines sociétés et provoqué des crises d’instabilité chronique dans d’autres.

C’est d’ailleurs dans la perspective de rationnaliser davantage les ressources financières disponibles que le Président a instruit le ministre des Finances et instruira certainement tous les ministres dont les auditions ont commencé depuis dimanche dernier.

Abdelkrim Ghezali

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