L’«autonomie» en disgrâce

Dans leur conférence de presse conjointe dimanche à Rabat, ni la secrétaire d’Etat américaine, Mme Condoleezza Rice, ni son hôte marocain, M. Taieb Fassi Fihri, n’ont évoqué la fameuse «autonomie», le calunar que le Polisario renvoya tel un boomerang à la figure de ses promoteurs. Une proposition marocaine qu’on a tenté de vendre à la criée comme «sérieuse» et «crédible» mais que le départ de Peter Van Walsum discrédite et enterre. Dimanche, à Rabat, l’«autonomie» et son intransigeance faisaient place à un langage plutôt accommodant vis-à-vis de… l’Algérie.

On continue à faire comme si le conflit opposait le Maroc à l’Algérie et non pas au peuple sahraoui. «Nous espérons dépasser les obstacles et les difficultés que nous vivons depuis quelques années», disait M. Fihri espérant de voir les «relations entre le Maroc et l’Algérie se normaliser et l’intégration maghrébine se réaliser». En Algérie, tout le monde porte les mêmes espérances que le ministre marocain qui, d’ailleurs, doit fort le savoir.

Mais que M. Fihri se félicite des «bons entretiens» avec Mme Rice concernant les relations du royaume avec l’Algérie, ce sont là des propos qui retiennent l’attention. Car Mme Rice avait rejoint le Maroc venant d’Alger où elle avait rencontré le président Abdelaziz Bouteflika. Et on ne peut imaginer que la question du Sahara occidental, les relations algéro-marocaines et la situation dans le Maghreb ne soient pas abordées à cette occasion.

Bouteflika aurait-il émis dans ses discussions de nouvelles idées en mesure d’aider à déverrouiller l’affaire du Sahara ? Des idées qui cadrent, bien sûr, avec la résolution du Conseil de sécurité appelant le Maroc et le Polisario à tenir des «négociations sans conditions préalables et de bonne foi pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette d’assurer l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».

Mme Rice n’a certainement pas loué la «sagesse» du Président pour simplement le flatter. M. Fihri ne s’est pas limité à se féliciter des «bons entretiens» concernant les relations avec Alger mais a parlé des «encouragements de l’Administration américaine en faveur de l’intégration maghrébine». De son côté, la MAP soulignait la plaidoirie de Mme Rice en faveur de bonnes relations entre l’Algérie et le Maroc.

La dame américaine révélait avoir «soulevé la question du Sahara avec le secrétaire général de l’ONU avant d’entamer sa tournée» au Maghreb et annonçait un prochain round de négociations entre le Maroc et le Polisario sur le Sahara occidental que les Etats-Unis vont soutenir. «Nous sommes à la recherche d’une solution mutuellement acceptable à cette question, il est temps que ce problème soit résolu», disait-elle assurant qu’«il existe de bonnes idées sur la table».

Dire en plein ramadan qu’il «existe de bonnes idées sur la table», c’est faire preuve d’un humour qu’on ne trouvera pas très très nourrissant chez les jeûneurs du Maroc où la préférence va à la bastila. Ce qui est cependant frappant c’est que pendant le séjour marocain de Rice, pas un mot n’est venu comme d’habitude écorcher l’Algérie ou ses gouvernants dans la presse marocaine. Ce qui pousse à s’intéresser à la rencontre que Rice prévoit avec ses homologues maghrébins à New York à l’occasion de la prochaine Assemblée générale de l’ONU.

Mohamed Zaâf

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