Métropolis

Cette semaine, l’actualité foisonne d’exemples éloquents quant à l’hypocrisie et à l’égoïsme des pouvoirs.

Ce n’est pas, hélas, une nouveauté sous les cieux et l’on peut dire que de tout temps existent côte à côte le séjour des bienheureux destinés à la félicité temporelle et le bagne des damnés condamnés à une souffrance perpétuelle.

Ce sont deux séquences de télévision qui m’ont tiré des réflexions et des fantasmes du Ramadhan: comment boucler le mois en ayant tous les jours une table fleurie?

La première séquence montre la visite de «touristes» d’une espèce particulière: des citoyens allemands étaient invités à admirer une prestigieuse réalisation du pouvoir est-allemand au temps de la guerre froide, quand cette région avait la dénomination de République démocratique allemande.

Cet ouvrage gigantesque est digne de celui des Pharaons: il consiste en un abri anti-atomique qui réunit tous les avantages et tous les équipements sophistiqués qui n’existaient pas à la surface où l’austérité et la pénurie étaient les principales caractéristiques du régime en place. Le guide touristique parle de 85.000 tonnes de béton englouties dans cette ligne «Maginot» destinée à accueillir la nomenklatura est-allemande. Car, il faut bien se dire, seuls quelques heureux élus auront la permission de franchir le seuil en cas d’apocalypse nucléaire.

L’autre séquence, et ce n’est pas la dernière ou la seule, hélas, montre le bidonville du Caire écrasé par un éboulement de rochers et les survivants désarmés, attendant l’arrivée très tardive d’hypothétiques secours dérisoires devant l’étendue de la tragédie.

Là aussi, on peut mesurer, comme sous d’autres cieux, la légèreté des gouvernants qui habitent, eux, dans les quartiers chics, sûrs et aseptisés et leur désintéressement total des règles urbanistiques prévalant dans les quartiers où s’entasse la masse des gens pauvres qui ont fui la misère des campagnes pour survivre dans les bidonvilles surpeuplés à la périphérie des grandes villes.

Et l’on peut citer, sans risquer de se tromper, les nombreux exemples où des catastrophes naturelles ne touchent que les populations les plus défavorisées: les inondations de l’est du sous-continent indien, l’inondation catastrophique de Bab El Oued en 2001, le crassier d’un village de la région minière du pays de Galles dans les années 60.

Même l’organisation des secours en faveur des sinistrés n’est pas la même, selon la catégorie des sinistrés qui habitent le site. Ainsi, on a pu voir que les habitants de la Nouvelle-Orléans, touchée par l’ouragan Katrina, ont attendu plus de quatre jours l’arrivée des secours ou des responsables politiques qui auraient pu au moins soutenir moralement les sinistrés ou encadrer les secours, mais on a pu apprécier avec quelle célérité ont été secourus les sinistrés nantis qui ont dû quitter précipitamment leurs luxueuses villas… en Californie.

Il n’est pas besoin, donc, de se référer à la littérature (Les Indes Noires de Jules Verne) ou au cinéma (Métropolis de Fritz Lang) pour comprendre que quelle que soit la nature du système, capitalisme sauvage ou socialisme spécifique, libéralisme ou socialisme scientifique, démocratie ou mafia déguisée, laïcisme ou théocratisme voilé, les citoyens ne seront pas tous logés à la même enseigne.

Selim M’SILI

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