Au tragique, répond le pathétique

Peut-on protéger quelqu’un contre lui-même? Nul besoin d’interroger les universités ou les grands laboratoires de recherches pour savoir que la réponse est non! Le rappel de la procédure légale en matière commerciale que vient de faire le ministère du Commerce à l’adresse des marchands de zlabia et autres kalbelouz qui s’improvisent chaque année, au cours du mois sacré de Ramadhan, a toutes les chances d’avoir le même effet qu’un coup d’épée dans l’eau.

A qui est destiné ce rappel? A une catégorie d’Algériens connue seulement par le ministère du Commerce et qui serait d’un civisme «excédentaire» et qui se suffirait de cela pour s’exécuter docilement? Allons donc! Et que cesse le cinéma! Comment veut-on nous faire croire qu’il est possible de «baliser» le commerce de la zlabia quand l’ensemble des activités commerciales est dominé par l’informel? Par le trabendo. Par le marché noir.

Par quel miracle pourrait-on réussir un mois quand on est tenu en échec toute l’année? En réalité, le problème de la zlabia et du kalbelouz dépasse le champ et les moyens du seul ministère du Commerce. Le sachant, ce dernier prend quand même les devants pour se dédouaner lorsque le phénomène surgira. Et il surgira! Rappel ou pas! Pourquoi? D’abord parce qu’il est impossible de mettre un policier ou un gendarme devant chaque porte cochère. Devant chaque poêle à frire.

Ensuite et surtout parce que si tous les réduits se transforment en boutiques de zlabia, c’est que la demande existe. Laquelle demande est constituée, comme de jure, par des consommateurs. Le vrai problème est que les consommateurs, chez nous, ne sont pas du même avis que ceux qui veulent les protéger. Ils en arrivent même à défendre ceux qui les intoxiquent.

Essayez de faire une remarque d’hygiène à un commerçant devant ses clients et vous verrez le résultat. La faute à qui? Et quelle solution? Les intoxications alimentaires feront encore des ravages dans les bouges comme dans les fêtes familiales tant que nos responsables n’auront pas pris conscience de l’importante nécessité d’une éducation de masse.

Devant l’urgence, un des moyens aurait été de médiatiser «en boucle» les victimes, sur leur lit d’hôpital, en forçant sur les détails. Rien de tout cela. Les empoisonnements collectifs, car c’est de cela qu’il s’agit, restent coincés dans la rubrique des «chiens écrasés». Plus en profondeur, se trouve la solution durable.

Celle-ci consiste à passer du gosier au palais. De l’inné à l’acquis. Un passage qui est l’affaire bien coordonnée de plusieurs ministères. Pas seulement du Commerce qui, avec son «rappel», se défend plus qu’il ne nous défend.

Zouhir MEBARKI

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