Conscience fanée

Des experts onusiens ont décidé, hier, de dénoncer à leur tour la «directive retour» adoptée un mois auparavant par le Parlement européen et qui criminalise les immigrés en séjour irrégulier. En effet, la «directive de la honte», comme la qualifient les ONG, permet aux pays membres de l’UE d’appliquer aux immigrés en situation irrégulière une détention administrative pouvant aller jusqu’à 18 mois et un «bannissement» de cinq ans. Dans leur lettre à l’UE, les experts onusiens soulignent justement que «les immigrants illégaux ne sont pas des criminels» et que par conséquent, «ils ne devraient pas du tout être soumis à une détention».

Les experts onusiens n’inventent pas l’eau chaude et disent là une vérité élémentaire que tout être humain normalement constitué rejoindra. Les responsables européens qui se présentent aux téléspectateurs comme les défenseurs acharnés de l’humanité et les plus à cheval sur la question des droits humains ignorent-ils qu’ils priveront de liberté des gens assoiffés justement de liberté, dont le seul délit est d’aspirer à vivre à l’instar des Européens libres des contraintes de la misère, de la peur et de la hogra ?

Serait-ce par plaisir que les habitants de l’hémisphère sud choisissent de se séparer de leur patrie, de leurs familles pour s’embarquer dans une aventure illusoire où, souvent, ce sont les résultats négatifs, voire dramatiques qui l’emportent ? Dans leur correspondance, les experts onusiens appellent à des mesures moins dures, moins humiliantes pour les immigrés irréguliers.

«Les Etats membres doivent explorer des alternatives à la détention, et la détention ne doit exister que pour une période la plus courte possible», estiment-ils. La «directive retour» n’a pas manqué de susciter de vives réactions en son temps en Amérique latine, d’où fusait un retentissant «appel à la conscience» européenne du président bolivien Evo Morales Ayma, alors que son homologue vénézuélien Hugo Chavez ripostait en menaçant de ne plus vendre de pétrole aux pays de l’UE.

L’appel d’Evo Morales n’a pas connu de suite. On ne sait si c’est lui qui manquait de puissance et était inaudible ou si c’est la conscience européenne qui, fanée, se trouve atteinte de surdité. Chez nous, l’UGTA n’a pas manqué d’exprimer ses préoccupations sur une décision européenne plutôt assez conforme à l’esprit de l’UPM qui marque la préférence européenne pour les flux financiers et la circulation des marchandises.

Des activités qui, d’ailleurs, peuvent être d’un apport considérable aux frais de détention et d’expulsion. La question qui se pose cependant, c’est de savoir si les dirigeants de nos pays à nous réfléchissent à riposter par des mesures régulant les priorités quant à l’accès à nos territoires.

Mohamed Zaâf

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